Une fois de plus, les patrons ont de quoi se réjouir des dernières annonces de Valls-Hollande : pas seulement des sous mais des dérogations au code du travail.
C’est reparti : la reprise est quasiment au coin de la rue. Le gouvernement reste prudent mais début avril, les divers organismes de prévision économique ont relevé leur prévision de croissance pour l’économie française. Ainsi, l’OCDE (qui regroupe les principaux pays capitalistes) annonce 1,1 % de progression du PIB pour 2015. Les causes sont sans mystère : la baisse du prix du pétrole et de l’euro par rapport au dollar (qui favorise les exportations). Mais l’emploi n’est pas au rendez-vous : tout au plus va-t-il se stabiliser et, comme la population augmente, le chômage va continuer à progresser. Plus précisément : l’emploi marchand (qui produit des biens et services payants) continuerait à baisser au premier semestre 2015 (13 000 postes selon les estimations de l’Insee). Le secteur non marchand (administrations, éducation, santé, etc.) créerait bien 23 000 postes... mais essentiellement grâce à 20 000 contrats aidés.On pourrait se poser des questions : si l’emploi du secteur marchand baisse, où est passé le million d’emplois annoncé par Gattaz en contre partie du Pacte de responsabilité ? Même Valls fait semblant de s’alarmer : « le compte n’y est pas », a-t-il déclaré le 8 avril. Mais quelle conclusion en tire-t-il ? D’abord, une rallonge financière supplémentaire pour les entreprises : une ristourne fiscale qui coûtera 2,5 milliards d’euros sur 5 ans ! Les entreprises qui investissent bénéficieront d’une baisse de l’impôt sur les sociétés.
Le Medef intéressé...Dans le même mouvement est annoncée la mise à l’étude d’une possibilité de déroger par accord d’entreprise au code du travail : le quotidien économique les Échos, qu’on ne peut accuser d’être anti-patronal, note le 9 avril que cette annonce « fait déjà saliver le patronat ». En effet, on voit comment les patrons pourront faire un chantage aux délégués syndicaux et aux salariés d’une entreprise : la porte ou une modification de leur contrat de travail.Pour faire passer la pilule, Valls a brandi le futur « compte personnel d’activité » des salariéEs. Un dada de Martine Aubry, à qui il faut bien faire plaisir pour son ralliement piteux dans le cadre de la préparation du congrès du PS. Le Medef trouve l’idée « intéressante »... Si on comprend bien, il s’agit surtout de faire masse de droits existants : des RTT non prises pourraient ainsi devenir des jours de formation. Quel bénéfice en définitive pour les salariéEs ?Derrière ces annonces, deux choses à relever. D’abord, la veulerie de l’équipe Hollande-Valls, pour qui la politique économique sous prétexte de « mettre le turbo dans le moteur de l’économie française », comme l’a dit Hollande, se réduit à faire plaisir au patronat. Défaite électorale ou pas : ce cap sera maintenu. Ensuite, une dure réalité : malgré les « vents porteurs » que diagnostique l’Insee, l’investissement des entreprises ne redémarre pas, notamment dans l’industrie. Décidément, le rebond de la croissance est riquiqui et ne sort pas de la médiocrité.
Henri Wilno