Publié le Samedi 8 mars 2014 à 08h36.

Transactions financières : Hollande enterre la taxe

Certains ont tendance à mettre la responsabilité du néolibéralisme en Europe sur les épaules de la Commission européenne. En réalité, ce qui est en train de se jouer sur les banques et la taxe sur les transactions financières (TFF) montre que les États nationaux, et notamment la France de Hollande, jouent un rôle majeur.

Dans les deux cas, réforme bancaire et taxe, la Commission européenne a des projets de réglementation, certes extrêmement insuffisants, mais si les États, et notamment la France, s’attachent à les amender, ce n’est pas pour les durcir mais pour les rendre encore plus anodins pour les banques et les financiers.Pour ce qui est de la taxe sur les transactions financières (TTF), en septembre 2011, la Commission européenne avait proposé une directive. À la mi-2012, il est devenu certain que l’unanimité ne serait pas atteinte, la Grande-Bretagne et le Luxembourg notamment s’y opposant fermement. Onze États (sur vingt-huit) semblaient cependant prêts à adopter un texte proche de celui proposé initialement. Le Conseil européen et le Parlement européen ayant donné leur feu vert, la Commission a proposé un nouveau texte le 14 février 2013 qui reprenait l’essentiel des dispositions de sa proposition de 2011. Cette TTF rapporterait entre 30 et 35 milliards d’euros. Puis la discussion technique s’est enlisée...

En coulisse, le gouvernement travaille...En fait, les banques sont farouchement opposées à cette taxe. Malgré ses proclamations (« Taxer les transactions financières, c’est maintenant » écrivaient les ministres Moscovici et Canfin le 30 janvier dernier), le gouvernement français a beaucoup agi en coulisse pour réduire drastiquement la portée de la TFF. Dans ce contexte, à la veille du Conseil franco-allemand du 19 février, 283 associations, ONG et syndicats de 17 pays européens, avaient interpellé François Hollande dans une lettre ouverte en lui demandant de « ne pas céder à la pression du secteur financier » et de travailler à mettre en place dès 2015 « une TTF sur toutes les classes d’actifs, pour enrayer la spéculation et financer les enjeux de solidarité nationale, européenne et internationale ». À l’issue du Conseil, François Hollande a affirmé que les deux pays avaient « la volonté d’aboutir avant les élections européennes », même si la TTF devait être « imparfaite ». Mais ça, c’est pour la galerie. Il n’y aura pas de TFF ou bien juste un faux semblant.« Mon véritable adversaire, c’est la finance », déclarait Hollande dans sa campagne électorale... Maintenant, on est fixé : son véritable adversaire, celui sur qui pèse le poids de sa politique, ce n’est ni la finance ni les patrons... mais tous les autres : salariéEs, chômeurEs, retraitéEs...

Henri Wilno