Alors que les luttes, sans attendre la journée interprofessionnelle du 1er Mai, se multiplient, les salariés d'EDF et de GDF-Suez ont entamé un véritable bras de fer avec leurs directions sur la question des salaires.
Il faut remonter très loin en arrière pour se souvenir d’un tel mouvement à EDF-GDF-Suez, et encore, celui-là est, à bien des égards, inédit. Dans un secteur où, traditionnellement, les fédérations syndicales donnent le « la » de mouvements particulièrement cadrés, le plus souvent sous la forme de grèves de 24 heures, c’est, cette fois, à la base des entreprises que la révolte a sonné, sous la forme d’une grève reconductible.
C’est une révolte profonde contre l’entreprise néolibérale imposée à tous depuis des années, malgré l’opposition de l’écrasante majorité des salariés. Elle marque la fin de l’abattement, voire de la résignation devant le rouleau compresseur de la privatisation. Et cette révolte est partagée par tous les secteurs des industries électriques et gazières. Avec, partout, le même rejet des pratiques d’individualisation des salaires et d’accroissement des inégalités, d’éclatement des collectifs de travail, de fixation d’objectifs délirants et bureaucratiques, de la perte de sens au travail liée à l’abandon des valeurs de service public et au chaos engendré par l’éclatement de l’entreprise en filiales et sous-filiales.
Ce rejet de la politique d’EDF et de GDF-Suez s’exprime aujourd’hui par les revendications suivantes : augmentations salariales pour rattraper les pertes de pouvoir d’achat, arrêt de l’externalisation des activités (sous-traitance), plans d’embauches. Rappelons que ces entreprises ont réalisé des bénéfices substantiels, très largement reversés aux actionnaires et à leurs dirigeants.
Les jeunes sont sortis de la torpeur les premiers. Ils n’ont pas été désemparés par la perte du service public qu’ils ont peu connu mais ils ont, en revanche, bien compris que leur avenir s'assombrissait. En particulier à cause de l’externalisation des métiers pour lesquels ils ont été embauchés. Se retrouver à laver les voitures bleues avec des salaires proches du Smic au lieu d’intervenir auprès de la clientèle, il n’y a là rien de passionnant.
Avec l’aide d'équipes syndicales déterminées, ils ont poussé aux initiatives les plus dynamiques. Ils sont parfois entrés spontanément en grève reconductible, entraînant les autres salariés dans les assemblées générales et se retrouvant à la tête du mouvement dans leurs agences. Ils ont redonné la pêche aux plus anciens. Cela s’est traduit, partout, par la recherche permanente de l’efficacité dans la construction du rapport de forces. Agir avec sérénité et détermination en intervenant de façon très ciblée sur l’outil de travail, en vidant des sites bloqués les huissiers aux ordres de l’encadrement, en n’oubliant pas de faire participer des secteurs particulièrement muselés par le management (comme les plateaux téléphoniques), en organisant l’entraide entre métiers afin de rendre efficace la grève. En organisant des rencontres avec d’autres secteurs en lutte, comme les salariés de Valeo ou les étudiants.
Les électriciens et gaziers ont engagé une véritable contre-offensive sociale : il ne s’agit plus de se défendre au coup par coup contre des mesures régressives, ils veulent maintenant regagner du terrain, inverser la tendance. Leur grève, par sa ténacité, ses actions et ses pratiques, dépasse largement les stratégies des appareils syndicaux. Elle montre la voie d’une offensive générale de l’ensemble des salariés. Face à toutes les tentatives d’intimidation du patronat de la branche et du gouvernement contre cette grève, c’est l’ensemble du mouvement ouvrier qui doit se lever.
Branche énergie du NPA