Depuis l’annonce des résultats du premier tour, des mobilisations étudiantes (auxquelles se sont joints des lycéenEs) ont fleuri notamment en région parisienne. Une opposition au chantage électoral, une opposition à Macron (évidente), une opposition à Le Pen (par-dessus tout).
C’est dès mercredi 13 avril qu’une ambiance contestataire a commencé à se faire sentir dans les universités parisiennes avec l’occupation d’amphithéâtres à l’ENS-Jourdan et à la Sorbonne. Comme une trainée de poudre, d’autres facs et écoles ont suivi en organisant blocages et assemblées générales : Créteil, Paris 7, Nanterre, Paris-Saclay, Sciences Po Paris (campus de Nancy compris) mais aussi des IEP en région comme à Lyon. Mis à part quelques exceptions, les présidences n’ont pas hésité à lock-outer les universités et basculer les cours en distanciel. Malgré cela des assemblées générales se sont tenues, notamment autour de la préparation de manifestations prévues le samedi 16 avril et plus généralement autour du second tour. Le mouvement pouvait dès cette semaine s’étendre aux lycéenEs, plusieurs blocages étaient prévus pour le mardi 19.
Certes, les manif de samedi n’étaient pas le raz-de-marée qu’on aurait pu attendre. Mais elles étaient essentiellement composées de ces jeunes qui souhaitaient exprimer leur colère. Une tonalité anti-Macron, anti-Le Pen mais sans que les deux ne soient mis sur le même plan.
Un début prometteur
La préparation de la manif et les blocages sont loin d’être les seules perspectives de ces étudiantEs qui souhaitent continuer à se mobiliser contre l’extrême droite et le chantage électoral qui leur est fait. Il s’agit de s’adresser au reste de la jeunesse mais également à l’ensemble de la société : ce n’est pas par les urnes que les choses changeront. Ce deuxième tour particulièrement prévisible en est la preuve ! Et peu importe l’urne, car cette fraction de la jeunesse qui a souvent voté Mélenchon a bien compris qu’elle n’avait rien à attendre non plus des législatives et d’une hypothétique « cohabitation » de gauche. Peu de ces jeunes se laissent berner par l’illusion du « barrage du 3e tour législatif » que certains militants de gauche ont défendu dans les AGs, mais lui préfèrent le 3e tour des luttes : celui qui commence déjà dans la rue et sur les lieux de travail et d’études. Alors on ne peut qu’encourager dans cette voie cette jeunesse qui cherche à s’organiser et à se mobiliser dans la rue, pour dénoncer ce faux choix électoral.
Si Le Pen est évidemment un poison raciste et réactionnaire, Macron et sa politique au service de la bourgeoisie ne sont en rien un barrage contre l’extrême droite. En effet, Macron et les autres politiciens électoralistes de tout bord font le lit de l’extrême droite depuis 50 ans, moment de la création du FN, ancêtre du RN. Ils reprennent ses thèmes ou copinent avec elle, comme Darmanin, ministre de l’Intérieur de Macron, expliquant à Le Pen qu’il « aurait pu écrire son livre » et la trouvant « trop molle ».
Quoi qu’il arrive le 24 avril, ces jeunes ont bien conscience qu’il ne faudra pas s’arrêter là. Le ou la locataire de l’Elysée sera un adversaire pour la jeunesse, et pour les travailleurEs, français comme étrangers. L’avertissement est clair : les jeunes ne se laisseront pas faire. Cet embryon de mouvement est un appui pour les mobilisations futures qui marqueront à coup sûr le quinquennat à venir. Alors, dès maintenant et encore plus après, tous et toutes dans la rue !