Les appels à la grève des examens sont le résultat d’une année de mobilisations ininterrompues dans l’ensemble de l’éducation mais décalées et désynchronisées entre les différents secteurs du 1er et second degré, collèges et lycées généraux et technologiques ou professionnels pour tenter de stopper les attaques globales du gouvernement et de son inénarrable Blanquer.
Commencées en septembre contre la réforme de la voie professionnelle, les mobilisations se sont enchaînées à l’automne contre la réforme du bac général et technologique, jusqu’à l’entrée dans la mobilisation de la jeunesse, fortement impactée par les Actes des Gilets jaunes de la fin novembre-début décembre. En janvier, les établissements du second degré ont pris la suite, contre les conditions de préparation de la rentrée (baisse du nombre d’enseignantEs alors que le nombre d’élèves augmentent, fermetures de classes et d’écoles, mise en œuvre à la hache des réformes des lycées, avec des programmes bâclés…) puis, en février-mars, c’est le 1er degré qui est monté au front contre la loi dite « École de la confiance ». Des mobilisations qui ont abouti à de très grosses manifestations dans tout le pays, en particulier le 30 mars et le 9 mai.
Un enjeu pour le service public de l’éducation
Une caractéristique de ces mobilisations, outre leur durée, est d’avoir impliqué très largement les salariéEs de l’Éducation nationale et les parents d’élèves. Ces luttes ont été construites par les enseignantEs bien sûr, mais également par les assistantEs d’éducation et de nombreux contractuelEs dont la situation est scandaleusement précaire, alors que leur rôle est devenu indispensable dans les écoles et les établissements pour accueillir les élèves en situation de handicap ou faire face à diverses formes de violence.
Dans les lycées professionnels, la grève du 27 septembre a été la plus massive depuis le mouvement des LP de 2000. Dans les écoles et les collèges, pour beaucoup de jeunes enseignantEs c’était la première expérience de mobilisation, contre une loi qui vise à réorganiser globalement le rôle et les rapports des enseignantEs à leur métier et donc à leurs élèves et aux familles. En particulier dans les quartiers populaires où l’expression de ce combat global a été la plus ancrée et la plus visible : banderoles sur les écoles, tractages, opérations écoles désertes, initiatives de rue…
Des tentatives d’auto-organisation
Car ces luttes, confrontées à l’absence d’impulsion centrale des directions syndicales, se sont dotées de formes et de cadres d’organisation et de discussion inédits, dont les bilans nécessiteront des discussions à part entière. Ainsi le regroupement des Stylos rouges, initié sur FB comme expression de défiance vis-à-vis des structures syndicales et des modes traditionnels de mobilisation (en particulier de la grève), et à la recherche de formes de contestations radicales sous l’effet des Gilets jaunes, a touché des nouveaux collègues dont un certain nombre ont rejoint les cadres d’auto-organisation.
Du fait du caractère global des attaques, des AG ont réuni, ce qui est peu courant, 1er et 2nd degré et parents d’élèves, au plus près des quartiers avec des tentatives de coordination au niveau de villes, voire de régions, et nationalement « La Chaîne des Bahuts ».
Malgré des tentatives locales, ces mobilisations n’ont pas réussi à entrer dans un mouvement de grève continue et de blocage effectif et durable. Mais l’impact dans les consciences a tout de même créé les conditions imposant à une intersyndicale regroupant les organisations de la FSU, de la CGT Éducation, de SUD, du SNALC et de la CGC dans le 2nd degré public et privé, général, professionnel et agricole, de signer avec La Chaîne des Bahuts, la CNT et les Stylos rouges un appel à la grève de tous les examens (du BEP au DNB des collèges en passant évidemment par le bac).
Cet appel a le mérite d’exister mais les modalités restent à construire : cela commencera avec la grève des corrections du BEP les 11 et 12 juin prochains, puis un appel à la grève des surveillances le 1er jour du bac général et français le 17 juin. De la réussite de ces dates dépendra l’impact d’une forme de mobilisation totalement inédite.
Cathy Billard