Publié le Mardi 5 mai 2020 à 13h47.

Chez les étudiantEs, la crise renforce les inégalités sociales

L'épidémie de Covid-19 a entraîné la fermeture des écoles et des universités, mais les cours se poursuivent en ligne au nom de la « continuité pédagogique », et aujourd'hui les partiels vont sans doute se tenir à distance.

Le gouvernement se gargarise de la réussite de la continuité pédagogique mais de nombreuses enquêtes menées au sein des universités révèlent que la réalité est tout autre. À l’université Paris 1, à la question « Comment le confinement influence-t-il votre capacité d’investissement sur le plan pédagogique ? » seuls 5,96% des sondéEs répondent qu’ils et elles ont « un degré de concentration presque habituel pour poursuivre une activité pédagogique ». Et pour cause.

Aide alimentaire d’urgence

La réalité du confinement n’est pas la même pour touTEs les élèves : certainEs sont obligés de travailler dans des conditions sanitaires parfois dangereuses et ont vu leur nombre d’heures de travail augmenter. D’autres, victimes de licenciements, ou travailleurEs au black, ont perdu leur source de revenus, ce qui amplifie la précarité et l’angoisse dans laquelle une partie de la jeunesse vit. Ainsi à l'université Paris 8 ce sont plus de 1000 étudiantEs qui ont demandé une aide alimentaire d’urgence, 1800 à Paris 1. Pour certainEs le confinement est aussi synonyme de vie dans de très petits espaces, parfois partagés avec d'autres personnes ; ou encore de conditions d'études impossible sans ordinateur personnel, ou sans connexion internet fonctionnelle.

Exiger la validation automatique

Face à l'augmentation des inégalités, face au décalage entre le passage des partiels coûte que coûte et la réalité d'une crise multifactorielle, les étudiantEs ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux. Ce sont plusieurs dizaines de milliers de tweets qui ont été produits, qui mettent en lumière à travers de nombreux exemples et témoignages, la réalité du confinement et l’aberration du maintien des examens. Des #HonteUniv, lancés depuis l'université d'Évry, de Lorraine, et de Paris 1 ont atteint les « Top Tweets » : des actions qui exigeaient la validation automatique, et l’annulation des partiels.

Le retour de la « valeur du diplôme »

Face à cette colère, des présidences de fac ont réagi en refusant de soumettre au vote les propositions des étudiantEs, en lien direct avec les positions du gouvernement. En effet Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a annoncé qu'il n'était pas question de mettre des 10 automatique, ajoutant qu'« il est demandé aux établissements, même dans les conditions actuelles, de garantir la qualité des diplômes ». Mais en pleine pandémie, ce qu'elle garantit, ce sont des diplômes des plus inégalitaires dont la valeur est toujours davantage basée sur une mise en concurrence des étudiantEs pour des places sur le marché du travail. Cette « valeur » s’établit en premier lieu sur l’échec de la majorité, au profit de ceux qui réussissent et qui auront un diplôme rare : la promesse d'un écrémage social renforcé.