Après une année particulièrement difficile, entre pertes d’emploi et cours en distanciel, la jeunesse scolarisée se retrouve encore une fois confrontée au manque de places dans l’enseignement supérieur, conséquence directe du manque de moyens alloués aux universités, accentué cette année par une baisse de budget de 188 millions d’euros. Le manque de places en Master a été particulièrement médiatisé ces derniers mois et, pour que les hashtag se transforment en mobilisation concrète sur les universités, il est nécessaire de s’organiser au sein des universités.
La sélection n’est pas un problème nouveau à l’université, renforcée depuis plusieurs années par l’instauration de la sélection à l’entrée du master, la mise en place de Parcoursup, la hausse des frais d’inscription pour les étudiantEs étrangers… mais elle ne doit pas pour autant être considérée comme une fatalité. En effet, depuis plusieurs années des campagnes pour l’inscription des étudiantEs refusés par les différentes plateformes de sélection s’organisent et permettent de combattre localement les politiques de sélection appliquées par les directions des universités.
Mobilisation face aux directions d’université et au gouvernement
Depuis le mois de juillet, à Nanterre, Lyon, Lille, Grenoble, Le Mans, des militantEs de l’Unef ont recensé des centaines de jeunes sans affectation et les ont mis en contact afin qu’ils s’organisent en assemblée générale et exigent l’ouverture de places. D’autres organisations telles l’UET à Toulouse ou Solidaires étudiantEs à Montpellier militent dans le même sens. À Nanterre, un premier rassemblement la semaine dernière a réuni une centaine d’étudiantEs et les assemblées générales réunissent plus d’une centaine de personnes déterminées à ne pas laisser la pénurie budgétaire les empêcher d’étudier.
Les « sans-fac » décident collectivement des modalités de la mobilisation et cherchent à instaurer, par l’interpellation offensive de la direction de l’université, le rapport de forces à même de leur permettre d’obtenir satisfaction sur leurs revendications. Les années précédentes ces campagnes ont permis d’arracher des places à l’université pour de nombreuses personnes, grâce à leur détermination et au caractère collectif de leur lutte.
L’année qui vient de s’écouler a mis en évidence aux yeux de nombreux et nombreuses étudiantEs le fait qu’il n’y avait rien à attendre du gouvernement et que les queues pouvaient s’allonger devant les distributions alimentaires sans qu’aucune aide financière ne soit apportée. L’application de la sélection à l’intérieur même des années de licence avec la suppression de droits étudiants fait également l’objet d’un important mécontentement au sein des universités ; aucune mesure conséquente n’a été prise pour empêcher un retour en distanciel si la crise sanitaire venait à s’aggraver de nouveau : amphis bondés, aucune embauche de personnel supplémentaire, pas de possibilité de respecter les gestes barrières…
Auto-organisation, détermination et confiance
Malgré l’absence de véritable perspective de lutte proposée par les directions des syndicats, une mobilisation nationale pour défendre et gagner de nouveaux droits étudiants est à la fois nécessaire et possible alors que la colère et l’absence de confiance dans le gouvernement n’ont jamais été si fortes. La mobilisation des « sans-fac » montre, à son échelle, que faire coïncider auto-organisation, mobilisation autour de revendications concrètes, détermination et confiance dans la possibilité de gagner, permet de remporter des victoires.