À Saintes, jeudi 4 mai, en tenant les manifestantEs le plus loin possible, à coups d’interdiction de se rassembler (quand même 400 personnes), Macron a fait du Macron sur le dos de l’enseignement professionnel, des élèves et des enseignantEs, sur l’air bien connu de l’application de ses « promesses électorales ». Depuis Pap Ndiaye fait le tour des médias pour assurer le service après-vente.
Ces annonces sont scandaleuses sur la forme et sur le fond. Sur la forme, par l’agitation de deux carottes (et d’un bouquet de mépris) dont il espère qu’elles feraient oublier le coup de massue donné à l’existence même de l’enseignement professionnel. Les carottes ce sont la seule chose qui compte pour Macron, l’argent. Il fait miroiter aux élèves la rémunération des périodes de stage et un doublement du Pacte pour les enseignantEs qui l’accepteraient. En termes de mépris, il coche toutes les cases.
1,4 euro en seconde, 2,80 euros en terminale
Tout d’abord, le gouvernement considère que pour les élèves, à 90 % issuEs des catégories socio-professionnelles les moins favorisées, une aumône de 2 100 euros max sur 3 ans — ce qui reviendrait à 1,4 euro de l’heure en classe de seconde et 2,8 euros en terminale — compenserait une orientation non choisie. Et même de plus en plus contrainte puisqu’il s’agit d’adapter les filières aux besoins des entreprises locales. Ensuite, il se convainc que 7 500 euros brut par an pour une augmentations des tâches avec de moins en moins d’enseignement et de plus en plus de courbettes devant les entreprises va faire oublier la fermeture de filières, la reconversion forcée des milliers de collègues (et combien en fait de licenciements de non-titulaires ?) et la perte de sens du métier d’enseignantE. Il faut vraiment ne rien entendre de ce qui est exprimé par les personnels sur les enjeux et les problèmes de la voie professionnelle. Pas étonnant quand le seul horizon est la liquidation d’un pan de l’Éducation nationale pour des raisons budgétaires et idéologiques : mettre à disposition des entreprises, à moindre coût, une main-d’œuvre dont elles ont besoin immédiatement et restreindre le service public d’éducation au strict minimum.
Augmentation de la déscolarisation
Alors ce qui est évident c’est que si ce projet était appliqué, il produirait l’inverse de ce qu’il affiche : l’augmentation du décrochage et de la déscolarisation des élèves (un tiers d’une classe d’âge), de leur éloignement d’une école qui n’est que la porte d’entrée des entreprises pour y faire travailler des enfants de 15 ans sans les payer, de la perte de confiance des familles dans l’institution. Du point de vue des entreprises, cela ne règlerait durablement aucun problème. Qui peut croire que supprimer des formations de commerce ou de relation clientèle va régler les problèmes de recrutement dans la restauration ou les Ehpad, dans la cybersécurité ou le développement durable ? Qui pense sérieusement que moins de temps scolaire pour approfondir les problématiques d’un métier ou étoffer sa formation générale, va aider les futurEs travailleurEs à être efficaces dans ces professions qui ne peuvent être ni remplacées par l’IA ni réalisées en télétravail ? Sans parler d’un truc de dingue : aspirer à s’épanouir dans son métier en y trouvant une utilité et donc une reconnaissance sociale, auxquelles les élèves de la voie professionnelle devraient donc aussi renoncer, selon les plans gouvernementaux.
Enfin, parce qu’ils ne doutent de rien, la mise en œuvre est annoncée pour septembre 2023, avec des documents sur les sites ministériels qui prévoient ni plus ni moins que la fermeture d’établissements entiers parce que leurs formations tertiaires seraient supprimées. Il est urgent de les faire redescendre sur terre, ce que seule la mobilisation pourra imposer.