Alors qu’Emmanuel Macron voudrait supprimer encore 120 000 postes de fonctionnaires toutes catégories, dans bien des écoles, collèges ou lycées, la rentrée 2017 est déjà impossible.
Contre des conditions de rentrée inacceptables, les enseignants ont réagi par la grève et de nombreuses mobilisations dans tout le pays : en région parisienne, dans le Nord, le Calvados, à Bordeaux, à Marseille, à Lyon ou encore à Grenoble.
Les raisons d’une colère unanime : manque de moyens et de personnels
Les problèmes de sureffectifs empêchent les établissements scolaires de fonctionner. Tant du point de vue du matériel (capacités des locaux, salles de classes, conditions d’hygiène et de sécurité) que de l’encadrement : classes surchargées, manque d’enseignants, suppressions de postes de vie scolaire (assistants d’éducation, CPE...), de personnels de cantine ou d’entretien, agents administratifs, etc. Une situation encore aggravée cette année par le non-renouvellement des « contrats aidés ».
Dans la région parisienne, deux établissements au moins étaient carrément au chômage technique. Les lycées de Plaine-Commune (Saint-Denis, 93) – inauguré pourtant par la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse – et Joliot-Curie de Nanterre sont inutilisables : travaux dans les bâtiments, pas d’électricité, pas de téléphone, pas de réseau informatique, pas de clés de salle, etc. Ailleurs, la déstabilisation des équipes éducatives va bon train et les conflits se multiplient contre les chefs d’établissement devenus de véritables contremaîtres. Le lycée Suger de Saint-Denis (93), par exemple, se mobilise contre la mutation-sanction arbitraire d’un de leur collègue.
De fait, les établissements subissent une montée brutale des effectifs d’élèves : un baby-boom dont le pic n’adviendrait qu’au début des années 2020. Mais rien n’a été prévu, anticipé ou planifié pour y faire face, ni par le ministère ni par les régions. Au lycée Jean-Zay d’Aulnay-sous-Bois (93), alors que la capacité d’accueil est de 1 320 élèves, ils sont aujourd’hui 1 450 : une augmentation de 24 % en 3 ans, tandis que les effectifs des agents techniques diminuaient de 30 %. Le personnel chargé de la cantine ne peut plus tenir et les arrêts maladie se multiplient. Autre exemple, le lycée Voltaire de Paris a été conçu pour 1 200 élèves, il en accueille aujourd’hui 1 800 (dont 500 de plus en 4 ans !).
Les établissements mobilisés tentent de se coordonner
Une petite coordination des établissements mobilisés a été mise sur pied dans la région parisienne, à l’initiative des collègues en lutte l’année dernière pour la sauvegarde de l’éducation prioritaire. Elle met en relation aujourd’hui des établissements de Seine-Saint-Denis : du Bourget, de la Courneuve, du Blanc-Mesnil, de Stains, de Saint-Denis, de Villepinte ou Aulnay-sous-Bois ; du Val-d’Oise (95) : Sarcelles notamment ; des Hauts-de-Seine (92) : Nanterre ou Colombes ; de Champigny dans le Val-de-Marne (94) et de Paris (75). Mais d’autres sont mobilisés dans le 91 ou le 77.
Un rassemblement devant le ministère a été organisé mercredi 6 septembre, regroupant plus de 150 personnes, enseignantEs, parents d’élèves, lycéenEs, de huit établissements différents. Le lendemain, 4 établissements (de Sarcelles, de Stains, du Blanc-Mesnil et d’Aulnay) se sont retrouvés devant le siège de la région à Paris pour réclamer des moyens et du personnel technique, afin de garantir que les élèves puissent manger. Aux cris de « Alerte alimentaire en zones prioritaires ! », « On ne remplit pas les têtes sans remplir les assiettes ! », « Blanquer 1 de veau, Macron fumé ! », ils ont finalement été reçus. Cyniques, les représentants de la région ont voulu leur faire avaler qu’ils étaient en fait « sur-dotés » : les agents sont recrutés non pas au nombre d’élèves mais à la superficie des établissements… qui reste la même malgré le nombre croissant d’élèves ! Le problème selon eux c’est donc « l’organisation du travail », traduire : augmenter la productivité.
Ce mépris est orienté tout autant contre les personnels que contre les élèves et leurs familles, a fortiori ceux des quartiers populaires. Les agents techniques, pour le moment terrorisés par les représailles, pourraient bien ces prochains jours montrer leur colère malgré tout, aux côtés de leurs collègues enseignants. Mardi 12, jour de mobilisation nationale contre les décrets Macron, les établissements mobilisés ont revoté la grève et entendent se rendre visibles à la manifestation parisienne. Les rendez-vous ne manqueront pas localement ou touTEs ensemble, afin que pas unE seulE salariéE ou élève ne se retrouve seulE face aux manques de moyens ou de personnels.
Correspondant
- 1. Nouveau ministre de l’Éducation nationale