En déplacement à Orléans, lors de la rentrée, le président de la République et la ministre de l’Éducation nationale ont claironné la réussite de leur politique...
Ils assument ainsi une réforme du collège... qui diminue pourtant le nombre d’heures de cours offert aux collégiens et supprime certains enseignements. Elle est toujours contestée par l’intersyndicale qui appelle à la grève ce jeudi 8 septembre (CGT, FO, SNES-FSU, SUD).
Hollande et sa ministre communiquent aussi sur le prétendu succès d’un désastre : la réforme des rythmes scolaires, sans doute la plus grande œuvre de destruction d’un cadre national dans l’enseignement scolaire ces dernières décennies. D’un territoire à l’autre, d’une école à l’autre, les écoliers ne reçoivent plus le même accueil ni les mêmes droits. Ce gouvernement aura réussi ce que la droite aurait rêvé de faire : rendre une partie du temps à l’école payant.
Ils ne veulent pas s’arrêter là : le lycée en ligne de mire
Hollande l’a déclaré : « Le lycée, général et professionnel, doit être la prochaine étape de nos réformes », comme si ce cycle terminal des études secondaire n’avait pas déjà assez subi !
Luc Chatel est déjà passé par là, avec les mêmes recettes que celles de la réforme des collèges. Suppression de filières technologiques, suppression de cours pour les remplacer par de « l’aide personnalisée », enseignements d’exploration construits sur un interdisciplinarité artificielle et imposée…
La suite n’est pas difficile à imaginer : diminution de la pluralité des enseignements, diminution des heures de cours dans les disciplines considérées comme moins importantes... Les ministres changent, les vieilles recettes restent.
60 000 postes ? Vraiment ?
Si la saignée opérée par la droite dans la fonction publique s’est quelque peu tarie en ce qui concerne les enseignantEs, les recrutements annoncés, déjà insuffisants et pas tous pourvus, relèvent de la tromperie. Environ 35 000 personnes ont été recrutées depuis 2012. Impossible qu’une quelconque amélioration des conditions de travail ne s’observe avec si peu. Dans le même temps, l’Éducation nationale accueillait presque 200 000 élèves de plus !
L’ouverture affichée de 25 000 postes en 2017 relève de la supercherie, tant les métiers sont aujourd’hui rendus difficiles d’accès par la mastérisation et les études longues peu accessibles aux classes populaires.
Une destruction du service public en guise de refondation
La « refondation de l’école » annoncée et menée par les ministres successifs de la mandature Hollande sera parvenue à poursuivre la mise au pas de l’école à la marche capitaliste de notre monde. Une « école du socle », du premier degré au collège, qui renonce à transmettre à la majorité de la population des savoirs de haut niveau qu’elle réserve à une élite. Et un continuum bac – 3/bac + 3 de l’autre, au sujet duquel le président déclare vouloir « mieux assurer la transition entre le lycée et l’enseignement supérieur ».
Cette période de formation est de plus en plus marquée par la volonté de construire des diplômes totalement inféodés au marché du travail, télécommandés par le patronat à l’échelle régionale, de moins en moins qualifiants, et sans valeur nationale.
La droite et le FN en embuscade
Les candidats LR à la présidentielle et Marine Le Pen ne sont pas en reste sur les questions éducatives. Ils espèrent récolter les fruits du mécontentement, promettant d’abroger des réformes…
En réalité, ils préparent la poursuite de la même politique : destruction du statut de la fonction publique, concurrence renforcée entre les établissements scolaires, école de plus en plus sélective qui laisse déjà 120 000 jeunes sans qualification chaque année.
Si les élections peuvent être l’occasion de donner de la voix, elles n’ont jamais fait de miracles…
Pour une autre école : la mobilisation de toutes et tous
Un an de lutte contre la réforme du collège, plusieurs mois de lutte contre la loi travail, ce gouvernement est sourd aux revendications de la rue. Ce n’est pourtant pas le moment de se décourager : seule l’amplification des luttes, la volonté de nous gouverner nous-mêmes, nous redonnera confiance et construira de nouvelles solidarités. En cette rentrée, les grèves du 8 et du 15 septembre sont les premiers jalons de ce mouvement d’ensemble à poursuivre.
Camille Sediart