Publié le Jeudi 15 septembre 2022 à 19h00.

Éducation nationale : pour que rien ne change… il faut que rien ne change

Si quiconque avait pu croire que la nomination de Pap Ndiaye au poste de ministre serait un signe du changement de Macron, force est de constater qu’il n’en est rien. La rentrée scolaire incarne la poursuite de la destruction du service public d’éducation.

Le ton a été donné le 25 août dernier, lors de la réunion de rentrée des recteurs d’académie — chargés de rendre concrets les principaux axes du ministère partout sur le territoire. Pour la première fois, le président de la République participait à cet événement. Et c’est Macron lui-même qui a décliné sa politique pour l’Éducation nationale. Le symbole est évident : Pap Ndiaye n’est qu’un clou du Vulcain de l’Élysée.

Là où Blanquer avait une vision précise pour l’éducation (que nous avons toujours dénoncée), Pap Ndiaye laisse son cabinet assurer l’intendance. Et ce cabinet n’est composé que de blanqueristes convaincus. Par exemple, le 29 août, Ndiaye annonce dans la presse vouloir « décaler un peu » les épreuves de spécialité du baccalauréat (qui ont lieu mi-mars). Mais le ministère déclare1 le 30 août qu’il « n’entend pas revenir sur le calendrier de l’année de Terminale. » À se demander qui commande vraiment ?

Il n’y a pas de prof devant chaque classe

Cet été, la fermeture des services des urgences dans de nombreux hôpitaux avait mis en lumière le manque de personnels. Le gouvernement ne voulait pas remettre le couvert chez les profs. Ainsi 4 500 adultes ont été engagéEs comme contractuelEs, avec une formation d’à peine quatre jours, essentiellement pour « tenir » les classes. Et il faudra sans doute en embaucher autant, tout au long de l’année, pour remplacer les enseignantEs qui démissionneront. Alors que le SNES-FSU (syndicat majoritaire chez les enseignantEs de collèges et lycée) constate le manque d’au moins un enseignantE à temps plein dans 62 % des établissements, Pap Ndiaye ose affirmer que « la rentrée s’est bien passée. » C’est sans doute vrai pour ses enfants, scolarisés à l’École alsacienne, une école privée du centre de Paris dont les frais d’inscription s’élèvent à plus de 1 000 euros par trimestre !

C’est finalement la seule vision que Pap Ndiaye propose pour l’école : la rendre payante pour les parents qui le pourront et le voudront. L’école publique et gratuite ne servira qu’à garder les jeunes en attendant leur majorité. Car le premier bilan de l’École Blanquer est dramatique : baisse de la réussite au baccalauréat (– 2,8 %), alors que le ministère avoue avoir augmenté arbitrairement une note sur cinq, et surtout l’échec de ParcourSup, qui a laissé 10,5 % des jeunes sans proposition au 15 juillet. Preuve, s’il en fallait, que l’objectif de ce gouvernement est de diminuer le niveau moyen de connaissances et de diplôme.

Ce n’est pas étonnant, dans cette optique, qu’ils fassent tout pour promouvoir le service national universel (SNU). L’armée voudra toujours embaucher les jeunes sans avenir scolaire.

Mise au pas

On aurait pu croire que la politique éducative de Ndiaye serait différente au moins sur la répression. La réponse est arrivée le 4 septembre avec la suspension pour quatre mois de Kai Terada (enseignant, co-secrétaire du syndicat SUD éducation 92) avec une possible « mutation dans l’intérêt du service ». Nous affirmons tout notre soutien à notre collègue et

nous serons présentEs au rassemblement de solidarité avec Kai, le 21 septembre devant le ministère. Là encore, on reconnait la patte de Blanquer et sa haine farouche des militantEs pédagogiques, engagés ou grévistes.

La réponse du gouvernement aux annonces, par les syndicats, de grèves à la rentrée, a été sans appel : 8 500 gendarmes et policiers vont être embauchés. Voilà qui donnera le ton de nos manifs. Visiblement, le gouvernement a de l’argent pour réprimer nos colères, pas pour augmenter nos salaires.

Frapper ensemble

Face à cela, nous devons prendre nos responsabilités. Des établissements se mettent en grève pour refuser les conditions de rentrée. Notre objectif doit être de faire converger les luttes avec comme point d’orgue la grève du 29 septembre, appelée sur les salaires et les conditions de travail par la CGT, Solidaires et la FSU. Nous devons nous saisir de toutes les occasions pour nous rassembler (grèves, manifs, marches…). Il est possible que, dès le 20 septembre, des coordinations d’équipes combatives se réunissent. L’objectif doit être la réussite du 29 et d’engager le combat durablement contre ce gouvernement. Pour la défense de l’école publique, nous devons réunir les syndicats, les associations pédagogiques, les parents, les jeunes… Cela passe par une réflexion en profondeur sur l’école que nous voulons, à l’opposé de l’École libérale et réactionnaire du gouvernement.