Publié le Mercredi 30 janvier 2019 à 11h54.

Éducation nationale : la mobilisation reste à construire

Jeudi 24 janvier, les personnels enseignants ont une nouvelle fois défilé contre les réformes du gouvernement et pour réclamer des moyens pour pouvoir travailler décemment. 

La grève a surtout été suivie dans les collèges et les lycées, puisque l’appel des organisations syndicales ne mentionnait que les personnels du second degré, mais dans les cortèges étaient également présents des professeurEs des écoles. Dans les défilés, on pouvait également voir des « Stylos rouges ».

L’Éducation nationale attaquée de toutes parts

Les raisons de la colère ne manquent pas. La réforme du lycée, contre laquelle les lycéenEs se sont révoltés en masse en décembre, va renforcer considérablement les inégalités entre établissements et la sélection des jeunes, au détriment des lycées les plus populaires. Dans les lycées professionnels, les horaires disciplinaires et les spécialités sont encore réduits, des suppressions massives de postes sont prévues, tandis que l’apprentissage est encore développé au détriment de la voie scolaire.

Dans les collèges, les dotations horaires globales (DHG) commencent à tomber, et ce sont encore des diminutions d’heures et des suppressions de postes !

Dans le premier degré enfin, malgré l’autocongratulation du ministre Blanquer, l’imposition de CP à 12 sans moyens supplémentaires aboutit à l’alourdissement des effectifs dans les autres classes. Et tout cela alors que des classes ont encore été fermées à la rentrée !

Depuis la rentrée, nombreuses ont été les luttes dans le secteur de l’éducation. Dans les écoles maternelles et primaires, les personnels se sont mobiliséEs contre des fermetures de classe. Dans les lycées, la grève du 14 décembre avait été massivement suivie. Plusieurs établissements étaient d’ailleurs entrés en grève reconductible contre la répression massive envers les lycéenEs, et pour exiger le retrait de la réforme du lycée. À Stains, les enseignantEs ont fait plusieurs semaines de grève contre l’entrée en fonction d’un gendarme à la retraite comme proviseur adjoint. Dans la foulée, des « collectifs contre les réformes Blanquer et Parcoursup » se sont constitués, associant enseignantEs, parents et élèves et soutenus par les syndicats.

La colère s’est également cristallisée avec la formation des collectifs de « Stylos rouges », après le discours de Macron du 10 décembre, dans lequel il n’avait pas eu mot sur la rémunération et les conditions de travail des enseignantEs.

Unifier les luttes, de la maternelle à l’université !

Cependant, jusqu’à présent, les luttes sont restées isolées, éparpillées entre établissements, entre premier et second degré. Si dans le second degré, les directions syndicales ont été obligées d’appeler à deux journées de grève nationales le 14  décembre puis le 24 janvier, elles n’ont aucune réelle volonté d’unifier ces luttes et de permettre une grève toutes et tous ensemble.

Pourtant, la volonté de se battre chez les collègues existe réellement. Le 24 janvier dernier, des AG se sont réunies après les manifestations. À Rouen, l’assemblée générale qui a réuni plusieurs établissements appelle à la grève le 5 février, jour de grève interprofessionnelle appelée par la CGT, et à en faire le point de départ d’une « lutte prolongée avec tous les secteurs mobilisés ». À Paris, ce sont 74 établissements des académies de Paris, Créteil et Versailles, qui se sont retrouvés à la Bourse du Travail : les discussions ont là encore montré que beaucoup de collègues sont prêtEs à partir à grève reconductible, et la date du 5 février a été discutée comme point de départ d’un tel mouvement.

C’est en effet vers un mouvement d’ensemble qu’il faut aller. Le 5 février prochain, il s’agit que les enseignantEs, de tous les degrés, soient massivement mobilisés, et se réunissent en assemblées générales pour décider de la reconduction du mouvement. Comme viennent de le montrer les enseignantEs de Los Angeles qui ont gagné sur leurs revendications en faisant une semaine de grève reconductible, c’est seulement par la grève que nous pourrons faire reculer le gouvernement, et regagner les moyens qui nous ont été enlevés ces dernières années. 

Correspondant