Le Centre national d’enseignement à distance (Cned) – 81e université française – lutte actuellement pour sa survie en tant qu’organisme public d’enseignement à distance. Une enseignante participant à la bagarre à l’institut Cned de Lyon Croix-Rousse a bien voulu répondre à nos questions. Qu’est-ce que le Cned ?Créé en 1939, cet établissement est réparti en huit centres sur tout le territoire. Cette université, dirigée par un recteur nommé directement par le président de la République, se destine à l’enseignement à distance et dispense ses cours principalement par correspondance, mais également sous forme multimédia (CD-rom, DVD, etc.) avec des accompagnements par des sites en ligne, par téléphone, du tutorat, etc. Il s’adresse aux personnes ne pouvant se déplacer pour diverses raisons dans un établissement scolaire (maladie, handicap, temps disponible). Il concerne donc la population de la scolarité obligatoire mais aussi de la formation professionnelle (formation, reconversion). En tant qu’organisme public, l’enseignement est peu onéreux pour les élèves... même si maintenant le coût devient de plus en plus élevé pour les usagers.Actuellement le Cned, comme toute l’Éducation nationale, subit des attaques d’une grande violence. Qu’en est-il concrètement ? Sur un plan national, le Cned est attaqué massivement. Dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) un audit à été demandé afin « d’évaluer » le Cned. Cet audit a été réalisé par un cabinet privé spécialisé dans le marketing. Nous avons appris aussi que d’anciens cadres de France Télécom avaient été nommés dans les instances de direction au national. Les centres Cned ont changé de nom, « d’instituts » nous sommes devenus « sites », la carte des formations à été redistribuée et le mode de direction remplacé par un système plus vertical, directement aux ordres du recteur. Ici à Lyon Croix-Rousse, nous avions une direction composée de trois personnes. Aujourd’hui nous avons seulement un « délégué du recteur » qui passe une journée par semaine sur notre « site ». Une fermeture de l’institut de Lyon a-t-elle été évoquée ? Les choses ne nous ont jamais été dites clairement, il a fallu que nous tirions les vers du nez de la direction pour obtenir des informations, car seules des rumeurs circulaient au début.À l’automne 2010 nous avons décidé, une grande partie du personnel et les syndicalistes, d’aller ensemble demander à la direction du site de Lyon de répondre à nos questions. Sous la pression, le délégué a joint le recteur qui nous a confirmé par téléphone la fermeture prévue de certains des huit centres Cned, dont vraisemblablement l’un des deux centres de Rhône-Alpes, Lyon ou Grenoble. Comment s’est organisée la lutte ?Nous avons mis en place des commissions (médias, partis politiques) pour nous répartir le travail avec pour objectif de faire connaître notre situation et notre combat. Elles sont constituées de syndiquéEs et de non-syndiquéEs. Pour informer la population, nous avons installé plusieurs banderoles visibles de l’extérieur du bâtiment et tapissé d’affiches une partie des baies vitrées. Inutile de préciser que la direction n’a pas apprécié : lors des « vœux » en janvier, le DRH et la direction du site ont arraché le matériel militant que nous avions scotché aux murs. Nous avons aussi organisé des manifestations. Pendant la première, nous avons fait un circuit dans l’arrondissement pour aboutir à la mairie où une délégation à été reçue. Pour la deuxième, nous nous sommes rendus à la préfecture où nous avons aussi été reçus. Êtes-vous en lien avec les autres « sites » nationaux ?La coordination se met en place par le biais de listes de diffusion, et par l’intermédiaire des délégués syndicaux, même si nous avons encore un peu de mal à centraliser l’information. Si vous souhaitez encourager, apporter votre soutien à ces travailleurEs de l’éducation, vous pouvez les contacter à cette adresse : cned.personnel@gmail.comPour laisser un message ou aller sur leur blog : http://personnelcned.blogspot.com Vous pouvez aussi signer la pétition en ligne : http://petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2010N4336Propos recueillis par un correspondant