À l’heure où nous écrivons ces lignes, les 1 000 postes promis dans le premier degré sont tombés ! La répartition tiendrait compte du niveau d’encadrement de chaque académie, de la variation attendue des élèves, des difficultés sociales et scolaires et de la ruralité.
Après avoir lancé la discussion sur les rythmes scolaires sans jamais l’élargir aux conditions de travail des enseignantEs et aux conditions d’apprentissage des élèves, Peillon continue sur sa lancée du « je vous ai compris ! »
Ainsi, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, lors de sa rencontre du 4 juin avec les syndicats, la joue « correct » et ouvert au dialogue. Une entente cordiale, en somme. Bien sûr, les « pas besoin de diplôme Bac + 5 pour changer des couches-culottes » et autres « le maître ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur » de Darcos et Sarkozy avaient profondément choqué, à juste titre, le milieu enseignant, en l’humiliant et le rabaissant. Ainsi, Peillon, en s’adressant cordialement à ce secteur, mise sur la confiance par la parole. Soit. Mais que reste-t-il après les belles paroles et quelques miettes pour apaiser les cœurs ?
Parce que le véritable baromètre doit être de savoir si pour les personnels et les élèves la rentrée 2012 se fera dans des conditions notablement meilleures qu’en 2011. La réponse est non.Et pour s’en convaincre quelques chiffres suffiront : - 80 postes attribués à l’académie de Versailles quand 233 ont été supprimés. - 100 postes attribués pour l’académie de Versailles quand 260 ont été supprimés dont 63 pour le seul département des Hauts-de-Seine.- 65 postes attribués pour l’académie de Grenoble quand 153 ont été supprimés. - 30 postes attribués pour l’académie de Lille quand 399 ont été supprimés.
Ces seuls exemples permettent de remettre les compteurs à jour : en cinq ans, 80 000 postes ont disparu. À cette seule rentrée, 14 000 postes en moins dont 6 000 pour le premier degré.
Alors, la vraie mesure d’urgence, c’était l’annulation, dès septembre 2012, de la suppression des 6 000 postes pour le premier degré et des 8 000 pour le secondaire.
Mais au-delà des mesures d’urgence, il n’y a, à ce jour, aucun début de remise en cause des mesures qui ont profondément dégradé l’Éducation nationale en tant que service public : l’abrogation de la loi sur le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Dans l’Éducation nationale, les 60 000 postes prévus sur cinq ans seraient des redéploiements, au détriment d’autres services publics ; l’abrogation de la réforme dite de « mastérisation » et le socle commun.
Il y a un an presque jour pour jour, les syndicats enseignants tentaient de se mettre d’accord sur une journée de grève en septembre contre la suppression des postes, pour de meilleurs conditions de travail incluant aussi la rémunération.
Il y a en réalité autant de raisons en juin 2012 de porter cette discussion : nous ne voulons pas de retraitéEs pour « tutorer » les jeunes collègues, nous voulons un plan de rattrapage des 80 000 postes supprimés et la création de postes permettant des effectifs n’excédant pas 20 élèves par classe. Nous voulons la remise à plat des dossiers sur l’autonomie des établissements, sur la réforme des lycées et du bac pro.
Autrement dit, les conditions apaisées dans la forme du dialogue ne peuvent être des raisons suffisantes pour être confiants mais vigilants comme l’ont déclaré les syndicats à l’issue de la rencontre du 4 juin.Dès la rentrée, nous devons refuser toute fermeture de classe dans les écoles, toute suppression d’heure d’enseignement dans le secondaire, et cela se discute et se prépare dès maintenant.
Denise Sarraute