Le mardi 3 janvier, jour de rentrée après les vacances de Noël, les enseignantEs des lycées sortant d’éducation prioritaire étaient en grève pour la cinquième fois depuis le mois de septembre (voir l’Anticapitaliste n°362).
Najat Vallaud-Belkacem a menti ! En déplacement à Marseille le 28 novembre dernier, la ministre a cru faire des annonces fracassantes en promettant la création de 450 emplois supplémentaires dans les établissements actuellement classés éducation prioritaire. Mais alors que les enseignantEs de ces établissements sont mobilisés depuis le printemps dernier, ce ne sont pas quelques oboles qui feront arrêter leur lutte.
Une catastrophe programmée
Il y a deux ans, les écoles et les collèges allaient être les premiers à expérimenter cette mesure de sortie de certains collèges et groupe scolaires de l’éducation prioritaire quand d’autres, en contrepartie, auraient eu plus de moyens. Dans tous les établissements et écoles, le constat est amer : les effectifs ne font qu’augmenter, le personnel social, médical, spécialisé se réduit à peau de chagrin et les possibilités pour les élèves issus de milieux populaires d’être scolarisés dans des conditions permettant une attention individuelle régulière approchent le néant...Les enseignants mobilisés ont donc eu raison de ne pas lâcher l’affaire. Ils ont réussi, malgré l’inertie des directions syndicales, à se coordonner entre différentes académies (Île-de-France, Oise, Aix-Marseille, Lille, Dreux). Et c’est ensemble qu’ils ont lancé un ultimatum à la ministre : soit elle accède à leurs revendications soit le 3 janvier 2017, il n’y aura pas de rentrée dans nombre de lycées, et la grève reconductible commencera jusqu’à satisfaction !
Et c’est parti !
Au moins 50 établissements étaient donc en grève mardi 3 janvier, jour de la reprise des cours. La mobilisation était particulièrement importante dans les académies de Créteil, Versailles, Aix-Marseille, Amiens et Lille. Dans de nombreux établissements, les taux de grévistes dépassaient même les 70 %. Le lendemain, la grève était reconduite dans de nombreux lycées, avec de forts taux de grévistes.Des opérations « lycée désert » ont été organisées. Entre 55 % et 90 % d’élèves absentEs ont été recensés dans certains lycées, comme à Jean-Jacques-Rousseau à Sarcelles, Paul-Eluard à Saint-Denis, Romain-Rolland à Goussainville ou encore Georges-Braque à Argenteuil.
Après un nouveau « temps fort » le jeudi 5 janvier soutenu par plusieurs organisations syndicales en Île-de-France et une intersyndicale dans l’académie d’Aix-Marseille, des AG communes organisées via skype ont eu lieu. Suite à la réussite de la mobilisation pour cette semaine et aux départs conséquents de grève reconductible dans un certain nombre d’établissements, le collectif Touche pas à ma Zep ! a décidé d’appeler à une nouvelle journée commune de grève et de manifestations le mardi 10 janvier. Les intersyndicales d’Île-de-France et d’Aix-Marseille ont relayé et l’appel de soutien compte désormais 97 lycées signataires dans 14 académies.
Étendre la mobilisation pour gagner !
Les enseignantEs mobilisés, par leur ténacité et leur volonté d’en découdre avec ce gouvernement de menteurs et de casseurs des services publics, ont réussi à se coordonner, de Paris à Marseille en passant par Creil, Argenteuil ou Saint-Denis. Désormais, il faut étendre cette mobilisation à l’ensemble des collèges et écoles qui depuis deux ans subissent cette réforme et ses conséquences.Tous revendiquent le maintien et l’extension d’un label éducation prioritaire, contraignant en termes de moyens (effectifs par classe limités, maintien des dédoublements et de tous les projets), garantissant aussi les indemnités et les bonifications pour les mutations des personnels. Ensemble, personnels des écoles, collèges et lycées, pour un dispositif unique de la maternelle au bac.
David 92Pour aider les grévistes à tenir, envoyer vos dons en ligne