La question d’un plan d’urgence pour les services publics et en particulier pour l’école est un véritable « serpent de mer » en Seine-Saint-Denis (93).
En novembre 2023, deux députéEs (PCF et Renaissance) écrivaient dans un bilan des dispositifs mis en place depuis 2018 : « non seulement l’école ne réduit pas les inégalités de naissance, mais elle les creuse. C’est l’inverse de la mission d’une école qui tiendrait sa promesse républicaine ».
Pas question de se résigner
C’est aussi le bilan de tous les personnels de l’Éducation nationale qui refusent de continuer de voir se dégrader leurs conditions de travail et se sentir impuissantEs voire défaillantEs face aux besoins des élèves. D’autant qu’il y a aussi dans ce département une histoire de luttes victorieuses. En 1998, des mois de mobilisations menées collectivement par les personnels, les élèves et leurs familles avaient imposé un plan de rattrapage : dotation de 3 000 postes et classement de la quasi-totalité des établissements en Éducation prioritaire (ZEP ou Politique de la Ville). En 2014, une nouvelle mobilisation des enseignantEs et parents imposait la création de 500 postes supplémentaires dans le premier degré. Malheureusement, en l’absence de rapport de forces maintenu, en 25 ans l’Éducation prioritaire a été démantelée et les conquis grignotés. De quoi alimenter la réflexion.
Et passer à l’offensive
Depuis plusieurs années, la discussion tournait dans les équipes syndicales. À la rentrée 2023, la CGT Éduc Action 93, la FSU 93, Sud Éducation 93 et la CNT 93 ont construit ensemble un formulaire de recensement, sur la base des revendications de chaque organisation, qui a été envoyé à chaque école et établissement du département. Et surtout, en parallèle des discussions pour contrer les attaques gouvernementales (contre la voie professionnelle, le collège unique, la liberté pédagogique), les équipes syndicales ont fait des tournées locales. Cela a été l’occasion d’échanges entre profs et de prises de contact entre collègues travaillant à proximité mais qui ne se croisent pas.
Lancement de campagne
Le 21 décembre, 150 militantEs des 4 organisations syndicales se sont retrouvéEs à la Bourse du travail de Bobigny en présence de Sophie Binet (CGT), Benoît Teste (FSU) et Simon Duteil (Solidaires), pour le lancement de la campagne revendicative. L’état des lieux précis des besoins permet de mesurer l’urgence et le niveau des revendications. En effet, pour assurer aux enfants du 93 un accès digne à l’éducation, il faut imposer au gouvernement deux collectifs budgétaires : un sur le bâti (20 collèges manquent, des rénovations massives d’écoles et lycées sont indispensables) et un autre sur les moyens humains. Les chiffres sont clairs : il manque 5 000 postes d’enseignantEs, 175 de CPE, 2 200 d’AESH pour assurer l’inclusion, 600 d’assistantEs d’éducation et 320 assistantEs pédagogiques, sans compter médecins et infirmierEs scolaires, assistantEs socialEs et psychologues.
Reste maintenant à établir un plan de mobilisation des personnels, des parents, des élèves et de la population contre la discrimination subie par le 93. Première étape le jeudi 1er février dans le cadre de la journée nationale de mobilisation de l’Éducation.