Publié le Mercredi 17 mars 2010 à 19h45.

Éducation : un mouvement qui monte, qui monte, qui monte…

La mobilisation du 12 mars a rassemblé professeurs, lycéens et parents d’élèves contre les réforme de l’enseignement. De nouveaux rendez-vous sont donnés pour les 16 et 18 mars. Les vacances n’ont pas éteint la détermination des grévistes de l’éducation, bien au contraire ! Partie de Seine-Saint-Denis, la mobilisation contre les suppressions de postes et la casse du service public d’éducation s’était rapidement étendue en février – grâce « aux grèves marchantes » – à l’académie de Créteil puis à l’ensemble de la région parisienne. Pendant les vacances de la zone C, d’autres académies avaient pris le relais en particulier, celle d’Aix-Marseille. La grève nationale du 12 mars, à l’appel de l’assemblée générale (AG) des grévistes d’Île-de–France et de l’intersyndicale du second degré, peut être considérée comme un test réussi : 40 % de grévistes en lycée, 50 % en collège, selon les sources syndicales. 28 000 personnes, environ, ont défilé dans une trentaine de villes, dont 2 000 à Bordeaux, 2 500 à Lyon, 3 000 à Marseille et 10 000 à Paris, soit deux fois plus qu’avant les vacances. Les principales fédérations de lycéens étaient aussi présentes dans le cortège, de même que de nombreux professeurs des écoles de Seine-Saint-Denis (40 à 60 % de grévistes dans les villes limitrophes de Paris), des universitaires, des étudiants et enseignants des Instituts de formation des maîtres (IUFM), condamnés à disparaître, et des parents, de plus en plus nombreux à réclamer en justice un « droit aux cours ». Un succès donc, qui donne tort aux sceptiques qui prédisaient un essoufflement de la mobilisation pendant les vacances ! L’extension du mouvement et la détermination des grévistes, à la mesure de l’ampleur du ras-le-bol et des attaques contre le service public d’éducation1, ont sans doute été alimentés par les récentes déclarations de Luc Chatel sur le recrutement « de jeunes retraités et d’étudiants pour remplacer les enseignants absents » et sur le passage du bac pro en contrôle continu. À la provocation, le ministère a ajouté la surdité et le mépris puisqu’il n’a pas voulu recevoir les représentants de l’AG des grévistes lors de son entrevue avec les syndicats, après la manifestation. Alors que le mouvement se consolide en Île-de-France, tendant à une plus grande convergence « de la maternelle à l’Université », et qu’il s’étend géographiquement dans les autres académies, l’intersyndicale a appelé samedi à « amplifier la mobilisation », sans parvenir à un accord sur une nouvelle journée nationale de grève ou de manifestations, dans la semaine du 15 au 21 !

À l’exception de SUD Éducation qui soutient la reconduction au niveau national, seules des sections locales devraient appeler le 18, en particulier l’intersyndicale de l’académie de Créteil. Dans la perspective de la journée interprofessionnelle du 23 mars pour « l’emploi, le pouvoir d’achat, les services publics et les retraites », certains craignent en effet une démobilisation des enseignants.

Or, ces derniers dénoncent depuis longtemps les journées ponctuelles de grève et le mouvement a au contraire besoin de perspectives à court terme, qui permettent une articulation avec le 23 et une montée en puissance : c’est pourquoi l’AG Île-de-France a appelé au soir du 12 mars à une journée de grève et de mobilisation, le mardi 16 et à des manifestations dans toute la France, le jeudi 182.

Espérons que cette erreur d’analyse de la part des syndicats qui, jusqu’ici, avaient suivi et soutenu le mouvement issu de la base, ne soit pas l’amorce d’un divorce et le retour du scepticisme. Des annonces de début de semaine pourraient encore changer la donne. Le succès du mouvement repose sur l’engagement de tous. Pour gagner, essayons l’optimisme ! Anne Lafran1. Voir Tout est à nous ! n°46, p. 4.2.http://ag.idf.free.fr/