Le 13 septembre, Macron a dévoilé ses projets de saccage de la voie professionnelle, dans la continuité de la réforme de Blanquer en 2019.
Comme le décor est déjà un résumé du programme, c’est depuis un lycée des Sables-d’Olonne, présenté comme « appartement témoin », devant des chefs d’entreprise, que Macron a présenté ses pistes pour rendre la voie professionnelle (on ne parle plus de lycée professionnel) plus « insérante ».
Après le bilan de Macron 1…
Comme pour tout service public, le constat de départ est indéniable, ainsi le 25 août Macron, devant les recteurs réunis, avait découvert que la voie professionnelle « ne doit pas être une voie par défaut mais une voie par choix » ! Comme si les enseignantEs et leurs organisations syndicales n’avaient pas dénoncé les réformes successives qui ont privé les lycées professionnels des moyens de donner aux élèves une formation conséquente aussi bien dans les matières générales, réduites à l’os, que dans le champ professionnel. Et les effets sont effectivement sans appel : le site l’Étudiant livrait ces résultats de ParcourSup en octobre 2021 : « En moyenne, les bacheliers généraux ont reçu 5,7 propositions, contre 4,1 pour les bacheliers technologiques et seulement 2,7 pour les bacheliers professionnels. Des propositions qui semblent d’ailleurs mieux leur convenir : 9 bacheliers généraux sur 10 (89 %) ont accepté une proposition reçue, contre moins de 8 technologiques sur 10 (78,1 %) et seulement 2 professionnels sur 3 (66,5 %) ». Sur la session du Bac 2022, alors que 96 % des élèves ont obtenu leur bac général, seulement 82 % ont obtenu leur bac professionnel, avec des nombres records de démission en cours de formation.
… bloquer Macron 2
Alors les pistes évoquées sont toutes connues, mais mises bout à bout elles ne peuvent mener qu’à la disparition des lycées professionnels, des élèves et des enseignantEs.
La première c’est d’aligner les formations sur les besoins des entreprises locales et pour cela de redéfinir la carte des formations : « Il faudra assumer ensemble de fermer celles qui ne fonctionnent pas et développer celles qui marchent. Et en créer de nouvelles sur les métiers qui recrutent ». Le « ensemble » de Macron ce sont les chefs d’entreprise, les régions… et les chefs d’établissement auxquels il veut donner plus « d’autonomie » pour définir le contenu et l’organisation des enseignements. Autrement dit, le seul horizon des élèves de la voie professionnelle serait de se former pour travailler dans les entreprises de la région, exit l’envie d’apprendre pour le plaisir ou de vouloir vivre dans une autre région…. Et pour les enseignantEs des disciplines fermées, ce sera une reconversion contrainte et forcée, voire le licenciement pour les nombreux et nombreuses contractuelEs.
La deuxième piste de Macron c’est l’augmentation de 50 % des stages en entreprise, avec comme faibles carottes leur indemnisation au montant royal de 200 euros par mois pour les moins de 18 ans ! Concrètement cela signifie passer de 22 à 33 semaines de stages sur trois ans. Autant dire réduire drastiquement la formation dans le cadre scolaire. Quand on sait que l’enseignement général a été diminué de 30 % en 2019 après que les élèves ont perdu, avec le passage du bac de quatre à trois ans, un quart de leur temps de formation, pas besoin de faire de grands calculs pour comprendre qu’aller à l’école n’aura plus aucun contenu pour le tiers de la jeunesse orientée, jusque-là, en lycée professionnel.
Alors il y a urgence à organiser la résistance à ce projet. Une intersyndicale des organisations de la voie professionnelle est prévue pour le 22 septembre. Mais ce sont touTEs les jeunes, leurs familles et l’ensemble des enseignantEs qui sont impactés par ce projet. Car, last but not the least, Macron compte aussi imposer aux enfants de 5e des temps de découverte des métiers. Histoire de bien ancrer dans toutes les têtes que chaque enfant et sa famille doivent dès ce moment construire un projet professionnel, avec en corollaire la responsabilité de l’échec du projet ou de sa mise en œuvre.