Pour les élèves et les enseignantEs des lycées professionnels, le mépris social qui sous-tend le projet gouvernemental poursuit son action de démolition.
Comme d’habitude, aucun bilan n’est tiré. Alors que Macron, le 4 mai 2023, avait sorti de son chapeau 12 mesures pour les lycées professionnels avec effet dès la rentrée de septembre, pas l’ombre d’un questionnement sur le fait qu’à peu près rien ne s’est passé comme le magicien l’avait prédit. À l’exception peut-être de l’indemnisation (par l’État !) des élèves pour les périodes de stage en entreprise. Et encore avec bien des difficultés et un surcroît de travail pour les enseignantEs, puisque les « bureaux des entreprises » qui devaient fleurir dans chaque LP attendent toujours du personnel.
Fermeture des filières tertiaires
Pas de bilan non plus du fait que dans les filières tertiaires appelées à fermer dès la rentrée prochaine, des centaines de jeunes se sont retrouvéEs sans affectation en septembre. Ce qui a provoqué le passage des effectifs de 24 à 30 élèves par classe, voire 32 ! Les mobilisations des équipes pédagogiques n’ont obtenu que quelques heures de dédoublement sans aucune garantie pour les deux années suivantes. Autant dire pour une cohorte d’élèves, des conditions d’études largement dégradées, sans compter que cela impacte en majorité des élèves des quartiers populaires dans lesquels ces filières ont été massivement ouvertes ces dernières années.
Vers une année d’enseignement réduite dès 2024-2025 ?
Pas de bilan, bien au contraire ! Début octobre le ministère a annoncé tranquillement la poursuite du projet macronien avec une nouvelle organisation de l’année de terminale professionnelle pour l’année 2024-2025 pour les élèves actuellement en première. Et c’est juste hallucinant : l’année scolaire des élèves ne compterait plus que 22 semaines de cours au lieu de 33 pour les élèves de lycées généraux et technologiques ! Une année qui, pour les élèves, se terminerait en mars incluant le passage des épreuves en contrôle continu mais aussi ponctuelles qui ont normalement lieu en juin. Avec la réforme Blanquer le bac pro était passé de trois années à deux ans et demi ; là, il équivaudrait à deux années par rapport aux contenus du bac pro avant la réforme Blanquer !
Un vrai renoncement à donner les moyens aux élèves de LP d’accéder à un enseignement conséquent, sans parler de l’égalité entre les trois voies générale, technologique et professionnelle qui étaient pourtant le mantra d’un autre ministre libéral, Xavier Darcos, en 2008-2009. En effet après six semaines de stage en avril-mai, les élèves seraient censéEs choisir entre poursuites d’études et recherche d’emploi, ce qui leur vaudrait soit six semaines supplémentaires de stage, soit six semaines de préparation à la poursuite d’études sur des contenus professionnels et de « culture générale » et « psychosociaux ». Et enfin, pour achever la fermeture de véritables poursuites d’études, la ministre déléguée à l’Enseignement professionnel, Carole Grandjean, propose un nouveau bac +1 présenté comme un « sas vers l’entreprise » à improviser sous le contrôle des entreprises avec plus de 50 % du temps en entreprises…
Mobilisation le 12 décembre
En plus de livrer les élèves de LP au patronat et ses besoins (avec redéfinition de la carte des formations par les régions pour leur mise en adéquation avec les besoins du marché du travail), cette réforme serait un pas en avant vers la liquidation du statut des enseignantEs. L’adéquation aurait comme premier effet la suppression de 15 % des filières, considérées comme inutiles pour les employeurs. Et les collègues enseignant des matières professionnelles dans ces filières de s’interroger sur leur devenir ! Car cette organisation du temps scolaire impliquerait une annualisation du temps de travail des profs, qui est un des objectifs de Macron et de ses ministres ultralibéraux.
Autant de raisons de se mobiliser le 12 décembre, à l’appel de l’intersyndicale réunissant le Snetaa-FO, la CGT Educ Action, le Snuep-FSU, le Snep-FSU, Sud Éducation, et la CNT pour le retrait de la réforme Grandjean de démantèlement des lycées professionnels.