Si bien des personnels des universités, enseignants-chercheurs, ingénieurs de recherche et BIATSS sont mobilisés comme l'ensemble des travailleurs depuis le 5 décembre contre le projet de casse des retraites du gouvernement, depuis la rentrée, la colère s'intensifie dans les facs et les labos.
Des attaques sur tous les fronts
En décembre déjà, plusieurs milliers de personnels des universités sont descendus dans la rue et ont tenus des AG parfois massives (250 personnels à Rennes 2). Il faut dire que la “réforme” des retraites sera particulièrement conséquente pour des personnels aux carrières très souvent segmentées, aux périodes de vacations, de chômage : des calculs prévisionnels des organisations syndicales évaluent de 25 % à 40 % les pertes de pensions avec le nouveau système. Après de longues études les 42 annuités sont déjà difficilement atteignables, on voit mal comment atteindre une carrière complète à 43, 44... Et il paraît assez évident que dans les disciplines de sciences humaines et sociales (moins rentables) ou encore pour les femmes aux carrières hachées, la précarité et les pensions dérisoires seront la norme.
À la réforme des retraites s'ajoutent deux attaques supplémentaires. Tout d'abord, la réforme de l'assurance chômage qui aura des conséquences particulièrement sévères pour les précaires de l'ESR qui alternent des contrats courts, cycliques, entrecoupés de période de chômage. Deuxième attaque, la Loi Pluriannuelle de Programmation de la Recherche (LPPR) amplifie la dynamique de destruction de la recherche et de l'enseignement supérieur: destruction de statuts, recours à des CDI de missions, des contrats “jeunes chercheurs”... Le modèle final, c'est de la promotion d'un modèle de financement par projets, sur le modèle anglo-saxon, qui aboutit au final à la compétition entre labos, à une injonction à la mobilité permanente bien loin de l'idée d'une recherche de qualité, débarrassée de toute obligation financière.
Dans les AG un peu partout en France, se joue à l'heure actuelle la jonction de la mobilisation générale contre la casse des retraites et le refus des ces deux attaques spécifiques. Élargir les revendications ne veut pas dire sacrifier une lutte à une autre : avec un peu de dialectique il est assez aisé de convaincre nos collègues que la destruction de la recherche et de nos statuts auront un impact sur nos retraites, et que la mobilisation pour la défense de celles-ci se joue maintenant et qu'une défaite pèserait lourdement dans notre capacité à rejeter la LPPR.
Aller vers la coordination et l’auto-organisation
Une coordination nationale de l’ESR a eu lieu samedi 18 janvier à Paris 7, réunissant plus de 200 personnes (enseignants, chercheurs, BIATSS, étudiants.), représentant une cinquantaine d’établissements en France. Les universités et ses personnels produisent des diplômes et des communications scientifiques: pour bloquer cette production, il faut voter la rétention des notes aux examens (votée en AG d'UFR de math par exemple à Rennes 1), mettre en suspend les publications, sites, revues, ne pas remonter les auto-évaluations de labos qui minent la recherche…Cette coordination est un premier pas dans l'auto-organisation, qui déjà appelle à des États Généraux de la recherche les 1 & 2 février. A l'ordre du jour aussi de nos tâches, la jonction et la construction d'un mouvement étudiant qui, au delà d'assez sommaires AG dans quelques universités, peine à réellement exister et se construire depuis début décembre.
Enfin, dans un milieu où il est assez aisé de participer aux manifestations, aux AG sans se voir décompter forcément des jours de salaires, les caisses de grève sont très souvent très alimentées, permettant non seulement d'aider les plus précaires (BIATSS, ATER...) mais aussi évidemment à la solidarité interpro en reversant aux caisses de grèves des cheminots, de la RATP...