En présentant mercredi 26 mai les mesures du « Grenelle de l’éducation », qui a réuni plusieurs groupes de travail pendant trois mois, Blanquer les a qualifiées « d’historiques ». Il s’agit en fait d’une nouvelle opération de com, dans le but de faire croire que nous serions « choyés » par un gouvernement qui n’a pourtant de cesse de dégrader les conditions de travail.
Pour être honnête, on n’attendait pas grand-chose de ces annonces. À l’issue des ateliers dont on se souvient qu'ils comptaient plus de rugbymen et de policiers que de représentantEs syndicaux, on a donc trois axes et 12 « engagements ». Rien de précis, pas grand-chose de chiffré, les choses devant être négociées, cet été, avec les organisations syndicales.
Une revalorisation en trompe-l’œil
La principale attente des personnels concernait la revalorisation salariale. À juste titre : rappelons que les profs français sont parmi les plus mal payés des pays de l’OCDE (25e sur 36), et que leur pouvoir d’achat, à cause du gel du point d’indice et de l’inflation, ne cesse de s’effondrer : environ -30% sur 30 ans.
Là-dessus, Blanquer a annoncé une rallonge budgétaire exceptionnelle de 400 millions, soit en moyenne 38 euros par mois. On comprend bien que cela ne concernera donc pas tout le monde, mais seulement les plus jeunes, et plutôt sous forme de prime. Il s’agit ni plus ni moins que de la même fausse revalorisation que l’année dernière.
Et surtout, rappelons que le même Blanquer a rendu il y a peu 600 millions du budget de l’Éducation nationale à l’État : on voit bien qu’en fait de mesure historique il s’agit surtout de poudre aux yeux.
Et à quel prix ?
Quant aux contreparties annoncées, elles ont de quoi inquiéter. Il s’agit d’abord de renforcer la culture managériale et de donner toujours plus de pouvoir aux hiérarchies intermédiaires, chefs d’établissements, inspecteurs et bientôt directeurs d’école au statut refondé.
L’engagement 11 est tout aussi problématique : il pose comme principe le fait que dans le secondaire toutes les heures d’enseignements « perdues » devront être rattrapées d’ici la fin de l’année. On imagine quelles menaces cela pourra faire peser sur le droit à la formation, les congés maladies voire même le droit de grève et les droits syndicaux.
On ne trouve aucune trace, dans les miettes de mesures de ce Grenelle, des mesures qu’il faudrait mettre en place d’urgence pour valoriser les métiers de l’Éducation, comme des embauches massives de titulaires pour recréer un corps de remplaçant-es dévasté par des décennies de politiques libérales, une réforme de la formation qui facilite l’accès aux concours au lieu de les repousser toujours plus tard, le dégel du point d’indice et une augmentation substantielle immédiate de 300 euros de tous les salaires.
L’entourloupe de ce Grenelle est finalement assez bien résumée dans l’une des « grandes » annonces présentée lors de la table ronde de mercredi : désormais, l’administration adressera ses courriers aux personnels en commençant par « bonjour »… Mais deux jours plus tard, Blanquer annonçait l’abandon des demi-jauges pour tous les 4e et 3e et leur retour en classe entière, du vendredi pour le lundi… « Bonjour » ou pas, le respect des personnels, ce n’est décidément pas pour cette fois.