Le gouvernement Barnier avait promis des attaques frontales contre les services publics, déjà bien amochés par sept ans de macronisme féroce. Bien sûr, le point d’indice des salaires des fonctionnaires est resté gelé, alors que l’inflation se fait sentir pour toutEs.
Au-delà, Kasbarian — que personne ne regrettera à son poste de ministre de la Transformation de l’action publique — avait décidé de s’attaquer à la santé des fonctionnaires en décrétant trois jours de carence d’indemnisation en cas d’arrêt maladie et un plafonnement à 90 % des remboursements des journées d’arrêt maladie.
Anne Genetet, éphémère ministre de l’Éducation nationale et députée des Français hors de France se croyait encore à Koh-Lanta et voulait une sentence irrévocable pour la scolarité des jeunes : l’obtention du diplôme du brevet devait devenir obligatoire pour passer au lycée. Avec l’acte II du « Choc des savoirs », les « groupes de besoins » allaient se généraliser et ainsi empêcher toute poursuite d’étude aux élèves les plus faibles dès la sixième…
La crise institutionnelle s’approfondit, notre colère aussi
La journée de grève du 5 décembre, appelée par les 7 centrales syndicales de la fonction publique, prenait une autre ampleur lorsque nous apprenions, la veille au soir, que le gouvernement Barnier était censuré par l’Assemblée nationale, une première en France depuis 1962. Cela n’a pas entamé la détermination des grévistes : 65 % des enseignantEs dans le premier degré et 54 % dans les collèges et lycées, selon la FSU. Des assemblées générales, aux effectifs certes limités, de grévistes se sont tenues dans diverses villes pour discuter des suites de cette journée, dont les plus déterminées parlaient de reconduire la grève le jeudi 12 décembre. Les 180 manifestations ont rassemblé plus de 200 000 personnes.
Le plan Barnier est inadmissible pour l’ensemble de la population. Après sa chute, le RN se met en embuscade pour gouverner le pays, ce qui serait un danger mortel pour les services publics et pour l’école1. Nous devons mettre en place un rapport de forces suffisant pour exiger quatre revendications élémentaires. D’abord, le retrait immédiat de la dernière réforme des retraites ; ensuite qu’il n’y ait plus aucun jour de carence pour les fonctionnaires ; que les salaires soient indexés sur l’inflation, seul moyen de lutter efficacement contre cette dernière. Et enfin, nous voulons un plan d’urgence d’embauches et d’augmentation de salaires dans tous les services publics, à l’image des revendications des enseignantEs de Seine-Saint-Denis l’année dernière. Et si Macron refuse cela, alors il dégage. Simple. Basique.
Des rebonds en demi-ton
Malheureusement, les centrales syndicales de la fonction publique ont sans doute été refroidies par les frimas de l’automne finissant. L’intersyndicale à 8 constate que « notre pays traverse une situation inédite », mais ne propose pas qu’elles restent « en contact étroit ». Plus restreint, la CGT, la FSU et Solidaires « appellent les agentEs publics à se mobiliser lors d’une semaine d’actions sectorielles et territoriales, de rassemblements, et d’expression revendicative, à compter du 9 décembre, avec un temps fort pouvant aller jusqu’à la grève. » Nous ne sommes pas certainEs que cela fera tousser l’Élysée. Il nous paraît indispensable de construire pied à pied un mouvement de grève massif et auto-organisé pour obtenir satisfaction de nos revendications. On ne sait pas si on aura un gouvernement dans les prochains jours mais notre objectif pour le 12 décembre est de renforcer l’avertissement : l’exécutif sera sous surveillance des salariéEs du public et du privé, prêt à livrer bataille contre eux et l’extrême droite.
Commission Éducation nationale
- 1. Lire Raphaël Alberto, Tamara DeVita, « L’extrême droite, un danger mortel (aussi) pour l’école », revue l’Anticapitaliste n° 160, octobre 2024.