Comme chaque année, le 17 juin est marqué par la traditionnelle épreuve de philosophie du baccalauréat. Mais, contrairement aux années précédentes,
c’est la seule épreuve écrite que les élèves de terminale passeront cette année.
Après deux années de pandémie mondiale, où les élèves ont eu des enseignements « en pointillés », entre le confinement total de l’année dernière et les « demi-jauges » de cette année en lycée, rien ne saurait détourner le paquebot Blanquer de sa trajectoire folle. Retour sur une catastrophe annoncée.
« Le jusqu’au-boutisme c’est ça ! »
Le ministre a calqué sa réforme du bac sur les rythmes du politique. Il tenait absolument à une réforme en profondeur avant l’élection présidentiellesde 2022. Le Covid-19 et ses conséquences ont complètement été absents de sa réflexion. Il faut croire que, pour lui, on n’arrête pas le Titanic en marche, quand bien même de nombreuses personnes en mourraient (famille des élèves, enseignantsEs, personnels de l’éducation…), quand bien même les enseignements seraient hachés. Jamais il n’a ralenti.
Les programmes ont été maintenus, contre vents et marées. Jusqu’à l’absurde. Il fallait des notes au troisième trimestre, il fallait « faire » des textes et des notions avec les élèves, sans jamais se poser la question du « pourquoi, » ni même de ce que les jeunes en retiendraient… Face aux inégalités manifestes (demi-jauges, arrêts maladie des profs et des jeunes…), le ministère a fini par faire un pas de côté : c’est la meilleure des notes de philosophie, entre celle de l’épreuve ou celle de l’année (le contrôle continu), qui comptera pour le baccalauréat. Et même là, on reconnait la fourberie de Blanquer : si unE candidatE ne vient pas à l’épreuve alors sa note sera de 0/20… Il aura vraiment tout fait pour détruire la jeunesse. Les adaptations pour les bacs pro sont tout aussi risibles : on ne compte que deux épreuves (en cours d’année) sur quatre… En peu de mots : le bac 2021 n’a plus aucun sens. Et c’est sans doute l’effet cherché.
Faut-il surveiller pour punir ?
La réforme Blanquer s’accompagne de nouvelles formes de corrections et d’évaluations. Les copies (papiers) sont scannées pour être corrigées sur ordinateur. Bien entendu, aucun matériel n’est fourni. Au-delà de la fatigue causée par les écrans, c’est avant tout un moyen de surveillance des enseignantEs : la correction ne peut se faire qu’en ligne et à tout moment l’administration peut savoir où en est chacunE dans ses corrections et rappeler à l’ordre l’enseignantE considéré comme trop lent. C’est dans la ligne des nombreuses sanctions qu’ont subies les enseignantEs récalcitrants ces dernières années.
Les bachelierEs doivent aussi passer un « grand oral ». De même en bac pro, avec l’épreuve du « chef-d’œuvre ». Au-delà des titres ronflants de ces épreuves, personne ne connait à l’heure actuelle les contours précis (ni les critères d’évaluation). Pire : à une semaine des épreuves, touTEs les enseignantEs ne sont pas encore convoqués. Ce qui démontre que, du ministère aux enseignantEs en passant par les rectorats et les cellules dédiées aux examens, personne n’arrive à mettre en place les directives de Blanquer, ni n’a envie de le faire.
Peut-on arrêter la mascarade ?
Des enseignantEs appellent à la grève des surveillances le 17 juin, puis pour le grand oral, et à la constitution d’assemblées générales de grévistes. Il faut arrêter de sanctionner les élèves, qui ne sont pas la chair à canon du système scolaire. Il faut mettre un coup d’arrêt définitif à ces politiques. Cela commence par la démission de Blanquer.