Le nouveau ministre de l’Éducation nationale avait promis de mettre un prof devant chaque classe à la rentrée. Les faits lui ont donné tort. Une fois de plus ! Et c’est sur sa marotte islamophobe qu’il a décidé de faire sa première rentrée dans l’enseignement public.
La rentrée scolaire du gouvernement a eu lieu le 20 juillet, lorsque Macron a renvoyé Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale invisible et haï par la droite en raison de sa couleur de peau, pour y mettre Gabriel Attal, 34 ans et toute sa scolarité en écoles privées. Le fauteuil était à hauteur des ambitions du bon élève de la macronie, mais c’était compter sans Macron qui a affirmé le 23 août que « l’éducation fait partie du domaine réservé du président ». Une surenchère de déclarations entre le président et son ministre a suivi sur le port de l’uniforme ; sur la réduction des vacances scolaires pour les pauvres ; pour finalement converger vers leur marotte commune : le racisme. En effet, la note de service du 31 août 2023 contre le port de l’abaya et du qamis est avant tout une directive islamophobe, qui ne vise que les jeunes filles « musulmanes d’apparence ». Et cela n’a rien d’étonnant venant de ce gouvernement.
L’école à la dérive
Et pourtant, le nouveau ministre aurait pu reconnaître qu’il était impossible de combler les 3 100 postes d’enseignantEs non pourvus aux concours 2023, qui viennent s’ajouter aux 4 000 de l’année précédente. Sans parler du manque d’infirmierEs et de médecinEs scolaires ; de personnels AESH (accompagnantE des élèves en situation de handicap) ; AED (assistantE d’éducation) et ATTEE (adjointE technique territorial des établissements d’enseignement) ; de psychologues de l’Éducation nationale, etc.
Attal aurait pu annoncer une ouverture massive de places pour l’année prochaine et une titularisation sans condition des précaires.
Ce ministre aurait pu en finir avec Parcoursup, c’est-à-dire avec la sélection dans l’enseignement supérieur ; ouvrir massivement des filières (et les postes nécéssaires) pour accueillir toutEs les étudiantEs dans la filière et l’établissement de leur choix.
Ce ministre aurait pu reconnaître que la prime inflation pour les fonctionnaires ne couvrait pas l’inflation de l’année. Ce ministre aurait pu mettre fin au pacte enseignant, nouvelle version du « travailler plus pour gagner plus ». Au lieu de prétendre à une nouvelle table ronde sur les salaires avec les organisations syndicales, il aurait pu prendre le problème à bras-le-corps et décider d’une augmentation indexée sur l’inflation des prix.
Ce ministre aurait pu décréter qu’il était indispensable que les enseignantEs se forment, notamment aux pédagogies émancipatrices au lieu de vouloir diminuer la formation et continuer à attaquer les enseignantEs qui les font vivre au quotidien.
Enfin, ce ministre aurait pu profiter de la vague de chaleur pour annoncer un vaste plan de rénovation des écoles pour que l’air y soit respirable et les températures décentes.
Bref, les annonces en faveur de l’école ne manquaient pas. Mais non. Gabriel Attal préfère sa fonction de délégué de classe devant le professeur principal Macron et il ne lui reste que sa haine des musulmanEs pour faire illusion… Mais auprès de qui ?
Se battre, envers et contre tout
Les enseignantEs ne sont plus dupes des actes racistes et islamophobes du gouvernement et iels comprennent que ce ne sont pas des manœuvres, mais l’essence même de la politique macroniste. En Seine-Saint-Denis, 12 établissements se sont mis en grève pour dénoncer soit l’islamophobie de la note de service du 31 août, soit l’impossibilité matérielle de cette rentrée (profs inexistants, emplois du temps impossibles, bâti délabré…) et souvent pour ces deux raisons. À Rennes ou à Lyon et partout en France, des collectifs s’organisent contre le traitement discriminatoire qu’ont subi 67 jeunes filles, soupçonnées d’être en abaya et renvoyées chez elles le jour de la rentrée. Il nous faut reprendre le chemin des luttes pour exiger une école émancipatrice pour toutes et tous. Voilà notre programme cette année !