Publié le Mercredi 5 mai 2021 à 10h46.

La reprise sans fin… et sans changements dans l'Éducation nationale !

La réouverture des écoles est présentée comme la première étape vers la levée des restrictions covid. Les crèches et le premier degré ont rouvert le 26 avril, les collèges et lycées le 3 mai. Mais, c’est encore une fois l’incertitude qui domine.

Les annonces sont marquées par le manque d’anticipation et l’impréparation dont le gouvernement et Blanquer en particulier portent l’entière responsabilité.

Rien n’est réglé du point de vue pédagogique…

Les lycéenEs ont repris en « hybride », avec 50 % des effectifs en présentiel. C’est aussi le cas pour les 4e et 3e dans les collèges, mais uniquement dans les 15 départements où le virus circule le plus activement. Les 6e et 5e sont elles et eux en classe entière. Les choix d’organisation se font à l’échelle de l’établissement, ce qui va entraîner des disparités de situation importantes et permet aussi à l’institution de faire porter les dysfonctionnements sur les équipes. Et ce dispositif, quand bien même il serait juste du point de vue sanitaire, accroît les inégalités scolaires entre élèves, avec les problèmes maintenant connus (plateformes surchargées, accès inégal à l’informatique…).

Malgré tout, le ministre annonce que les examens (brevet, bac, bac pro…) seront maintenus. Pourtant, il paraît impossible de les préparer sereinement alors que les conditions d’enseignement ont été réduites et ne sont pas les mêmes partout, conduisant à une absence d’équité entre les candidatEs. Il ne faut pas simplement aménager ces examens, il faut les supprimer pour lever la pression sur les élèves et privilégier les apprentissages jusqu’à la fin de l’année, c’est ce que réclament plusieurs centaines de milliers de signataires d’une pétition. Et lundi 3 mai, une centaine de lycées ont été bloqués dans plusieurs académies pour exiger l’annulation de toutes les épreuves ponctuelles.

Tout comme il faudra bien faire baisser drastiquement le nombre d’élèves par classe partout sur le territoire dès la rentrée pour permettre une amélioration substantielle des conditions d’apprentissage et un rattrapage de ces 18 mois chaotiques.

… pas plus que du point de vue sanitaire

Le ministre a annoncé la commande de 64 millions d’auto­tests pour les personnels et les lycéenEs. 400 000 tests salivaires sont prévus pour les collèges et le premier degré, ce qui, même en les limitant aux départements les plus touchés, reste largement insuffisant. Des retards ont été constatés dès la semaine de reprise en primaire, et le déploiement ne se fait pas correctement. D’autant plus que de nombreuses questions restent encore sans réponse : comment les opérations de dépistage seront-elles organisées ? Qui va les superviser ?

En parallèle, un sondage OpinionWay pour le SNES-FSU en date du 21 avril1 montre que, pour 79 % des sondéEs, les personnels de l’enseignement doivent être vaccinés en priorité. Malgré cela, aucun calendrier de vaccination n’est annoncé. Il y a une contradiction fondamentale à considérer qu’il est essentiel que les écoles restent ouvertes sans faire vacciner l’ensemble des personnels, enseignants ou non.

Enfin des solutions simples et immédiates existent, comme équiper les locaux en capteurs de CO2 et purificateurs d’air. Le ministre a indiqué qu’un travail a été fait en ce sens, mais cela ressemble à un énième effet d’annonce. La réalité du terrain, c’est que ce sont les collectivités qui doivent s’y atteler.

Faire descendre la pression sur nos collègues

Avec la règle « un cas = fermeture », et au vu du manque de personnels, ce sont les parents qui se retrouvent sous pression de leurs employeurs. Et ce sont les personnels qui doivent gérer cela ! On a notamment vu se développer le « volontariat » d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) ou de service civique dans certaines écoles et, au vu des conditions sanitaires qui n’ont pas évolué, cela ne va aller qu’en s’amplifiant. Si le non-brassage est une mesure prise pour protéger la société de la propagation du virus, alors il faut de toute urgence exiger que les parents puissent, sans perte de salaire, les garder via un certificat de non-accueil. Cela permettrait en outre d’étendre la règle de la demi-jauge à l’ensemble des collégienEs : si cette solution est juste sanitairement, elle doit être étendue à tous les collégienEs et pas seulement à celles et ceux en âge de se garder seuls.

Car le souci, avec cette règle c’est qu’il faut des moyens de remplacement. Ces mêmes moyens qui, au gré de la politique de suppression de postes puis de dédoublement dans certaines classes uniquement, n’ont jamais été abondés. Et le ministre a beau jeu de pérorer sur l’embauche de 5 000 personnes. À ce jour, seuls 2 200 postes sont ouverts… et tous ne sont pas pourvus ! Peut-être que le métier d’enseignantE ne fait plus rêver : on se demande vraiment pourquoi… Résultat : une semaine après la reprise du 1er degré ce sont des centaines de classes qui étaient fermées dans tout le pays.

Cette suppression des examens, ces recrutements, la priorité vaccinale ou encore le certificat de non-accueil ne vont pas tomber du ciel. Dès maintenant, il faut se réunir et, au plus vite, avoir une date qui permette de satisfaire ces revendications… et d’obtenir la démission du chef d’orchestre de ce démerdentiel depuis un an : #BlanquerDémission !