Le Conseil supérieur des programmes (CSP) a publié le 30 janvier un avis sur l’organisation des enseignements en collège. Il s’agit d’officialiser un enseignement à deux vitesses et d’en finir avec le collège unique. Alors que dans chaque établissement les moyens sont revus à la baisse pour l’année prochaine, la ministre continue sa défense de l’école privée. La guerre scolaire se prépare.
En septembre dernier, Attal annonçait la mise en place des groupes de niveaux au collège. Désormais, c’est Oudéa-Castéra qui aura le privilège d’en finir totalement avec l’élévation du niveau de formation et de culture pour l’ensemble de la population.
Le CSP ose tout, c’est à ça qu’on le reconnait
Le CSP reconnaît que grâce au collège unique « la quasi-totalité d’une classe d’âge accède au collège. » C’est trop pour eux : « force est de constater que le collège […] est plus adapté à la poursuite d’études académiques ». Contre ce constat, le CSP souhaite la mise en place de deux groupes de niveaux (appelé « fondamentaux » et « approfondissements ») en français et en mathématiques dès la classe de sixième. Mais seulEs les élèves dans les groupes d’approfondissement pourront prétendre au lycée général. Pour les autres, c’est-à-dire la majorité des élèves, ce sera soit le lycée professionnel, soit le redoublement dans un groupe d’approfondissement. Hasard du calendrier, la réforme du lycée professionnel vient d’être publiée au Bulletin officiel. Sans surprise, dès l’année prochaine, les élèves de LP auront moins d’heures de français, de mathématiques et de culture générale… Tout s’emboîte parfaitement.
« Tous ne mouraient pas, mais tous étaient frappés »
Si l’avis du CSP se transforme en loi, on peut imaginer que chaque collège aura au moins un groupe d’approfondissement. Mais on peut raisonnablement penser que dans les quartiers ruraux et populaires, il y aura majoritairement des groupes des fondamentaux, et l’inverse dans les établissements bien cotés. La pression va s’exercer à tous les niveaux scolaires, et d’abord sur les enseignantEs de collège. Cette pression descendra sur les professeurEs des écoles, qui devront faire réussir les évaluations de CM2 pour donner l’espoir à leurs élèves d’intégrer un groupe d’approfondissement. Et que dire des professeurEs de LP qui devront redonner le goût scolaire à des élèves parquéEs en groupes des fondamentaux pendant tout le collège ? Enfin, cela entraînera une diminution d’élèves en lycée général, donc une baisse des moyens et une augmentation des effectifs par classe.
Enfin, on peut penser que les élèves en difficulté cognitive, allophones, etc. seront reléguéEs dans les groupes des fondamentaux. C’est la fin de l’école inclusive. Il y a fort à parier que de nombreuses familles feront le choix de l’école privée, si jamais leur enfant est placéE dans le groupe « des faibles ». Comme l’a fait la ministre Oudéa-Castéra, parce qu’elle veut le meilleur pour ses enfants (qui, de son point de vue, est une école non-mixte et homophobe).
Nous refusons la mort de l’école publique
L’appel à la grève du 1er février a été suivi par 47 % d’enseignantEs. Du jamais vu depuis la grève du 13 janvier 2022. Il y a un nouvel appel national pour le 6 février. En Seine-Saint-Denis, une assemblée générale, soutenue par les organisations syndicales appelle à la grève le jour de la rentrée, le lundi 26 février, pour un plan d’urgence dans ce département. La tâche immédiate est de se mettre en ordre de bataille. Cela passe par chiffrer les moyens nécessaires, en assemblées générales soutenues par les syndicats, comme dans le 93. L’État dispose largement des moyens pour son école, en arrêtant de financer les écoles privées. Il ne s’agit pas d’un retour au « collège unique » qui n’a jamais résolu les problèmes sociaux des élèves. Nous voulons une école publique qui ne choisit pas son public, avec des classes à effectifs réduits et qui permet d’élever le niveau de formation et de culture de l’ensemble de la population. La grève reconductible de l’ensemble de la profession, soutenue par les parents d’élèves, sera nécessaire pour gagner. Nous sommes devant un choix politique majeur. À nous d’y répondre !
Raphaël Greggan