Contrairement à ce qu’a prétendu Jean-Michel Blanquer, la fermeture des écoles n’avait pas du tout été anticipée, tant sur le plan technique que pédagogique. C’est donc pour mieux cacher ses propres inconséquences que le ministre joue aujourd’hui la musique de l’hommage vibrant aux enseignantEs.Au lendemain de la décision de fermeture des établissements scolaires, Blanquer enjoignait aux enseignantEs de se rendre dans leurs écoles afin d’y assurer une « permanence pédagogique ». Au mépris, donc, de la stratégie sanitaire de confinement et de la santé de ses personnels. Il récidivera à plusieurs reprises, notamment en incitant les parents à se rendre dans les écoles chercher les devoirs de leurs enfants. Ou lorsque le rectorat de Nantes conseillera aux parents et aux enseignantEs de contourner les règles et de se rencontrer dans des magasins d’alimentation pour échanger du travail scolaire.
Quant à la nécessaire mission d’accueil des enfants des personnels soignants, elle n’est pas accompagnée de protocoles clairs ou de moyens de protection adéquats. Résultat : plusieurs écoles ont dû fermer, les personnels y ayant contracté le Covid-19.
Continuité ou non-sens pédagogique
Au prix d’une charge de télétravail souvent considérable, un certain nombre d’enseignantEs ont, dans un premier temps, tenté de jouer le jeu de la « continuité pédagogique ». Mais, bien vite, des critiques ont heureusement pointé les inégalités face au numérique ou celles, encore plus importantes, face au travail à la maison. Car s’il n’est pas absurde de trouver des moyens de conserver une forme de lien entre tous les élèves et l’école, prétendre à tout prix « ne pas perdre de temps sur les apprentissages » ne peut conduire qu’à un accroissement des inégalités.
Qu’est-ce qui aurait empêché Blanquer de faire passer, comme son homologue de la région Wallonie-Bruxelles, des consignes raisonnables, veillant à ne pas surcharger de travail et de stress les élèves et leurs enseignantEs, en suspendant officiellement les leçons pour ne pénaliser personne ?
Par idéologie et à cause de sa vision moraliste du travail, Jean-Michel Blanquer se montre donc indifférent à la santé de ses personnels ainsi qu’aux inégalités engendrées par sa « continuité pédagogique ». Pire : il entend même se servir de la crise comme d’un laboratoire pour expérimenter son projet d’école à la sauce libérale. Plus que jamais, il nous faut dénoncer cette politique et exiger la démission de ce ministre irresponsable.