Les collèges et lycées sont ouverts, les salariéEs doivent continuer d’aller au boulot, mais les étudiantEs restent totalement confinés. Aux difficultés psychiques liées à l’isolement s’ajoute une détresse financière qui accentue la précarité étudiante.
Malgré la communication de Macron, le gouvernement a laissé de côté des dizaines de milliers de jeunes, sans ressources… et sans perspectives.
Des cours à distance, mais une angoisse bien présente
Pendant le premier confinement, 31 % des étudiantEs avaient présenté des signes de détresse psychologique selon l’Observatoire de la vie étudiante (OVE). Il n’y a pas encore de chiffres pour celui du mois de novembre mais le bilan pourrait être beaucoup plus lourd : une étude menée sur les étudiantEs de Sciences Po indique que 60 % souffrent d’anxiété et que pour 40 % il s’agit même de dépression.
Les cours à distance deviennent un des facteurs de cette angoisse généralisée. Avec des programmes quasiment pas aménagés et les échanges difficiles avec les enseignantEs, beaucoup cessent de suivre. Ils étaient 8 sur 10 à avoir décroché au semestre du printemps dernier. Qu’ils et elles soient restés dans leur logement étudiant ou retournés chez leurs parents, l’environnement n’est pas propice aux études : logements exigus, problèmes de connexion, matériel inadapté aux cours en ligne.
À quoi s’ajoute l’absence de vie sociale. Une solitude particulièrement dure à vivre pour les étudiantEs en première année qui n’ont pas tous pu nouer des liens avec le reste de leur promotion.
Plongée dans la précarité
En plus de toutes les angoisses liées à la poursuite des études, les difficultés financières s’accumulent. La vague de licenciements et le chômage partiel liés au confinement affectent directement les étudiantEs, car près de la moitié exerce une activité salariée. Depuis le premier confinement, les coups durs s’enchaînent. Entre mars et juin, près des trois quarts des étudiantEs ont vu leur activité salariale réduite ou interrompue. Ce qui ne s’est pas arrangé par la suite avec les réductions d’effectifs, dans la restauration notamment.
Sans job étudiant, pas facile de remplir son frigo ou de payer le loyer. On retrouve de plus en plus d’étudiantEs dans les queues des distributions alimentaires, un phénomène inédit. Dans la Sarthe, 150 étudiantEs se sont inscrits au Restos du Cœur. Les AGORAé, les épiceries solidaires du CROUS, ont accueilli plus d’étudiantEs depuis le début de l’année que depuis leur lancement en 2011.
TouTEs ces étudiantEs précaires paient la crise de plein fouet. Les quelques aides de l’État sont largement insuffisantes. Pour le gouvernement, ces étudiantEs de plus en plus désemparés sont sans doute de la main-d’œuvre corvéable et dont les patrons pourront profiter quand ils en auront besoin. C’est en tout cas l’ambition du « plan de relance », dont tout un volet vise à favoriser l’emploi (précaire) des jeunes. La précarité ne se résorbera pas avec le déconfinement…
Cette précarité qui se généralise parmi les étudiantEs, notamment salariés, pourrait faire naître des réactions. La colère est sourde, mais bien réelle : on l’a sentie dans la mobilisation des assistants d’éducation (AED), mais aussi à travers les foules de jeunes venus manifester contre la loi « sécurité globale ». D’autant que les jeunes sont dans le viseur du gouvernement et de son tour de vis sécuritaire : avec sa loi de programmation de la recherche (LPR), l’occupation des universités est devenue un délit passible de prison… Mais à défaut des facs, les étudiantEs pourraient bien se mettre à occuper la rue !