Les élections étudiantes de 2024 ont été le théâtre de nombreuses incursions des syndicats d’extrême droite, signe des temps. Il est donc nécessaire de mieux les connaître, et en particulier l’UNI. Cependant, si la progression de l’extrême droite et la droitisation du gouvernement Retailleau permet d’expliquer la témérité croissante des organisations à droite, la résistance des étudiant·es du Mirail à Toulouse montre la possibilité concrète de résister
À l’occasion des élections étudiantes à l’université Toulouse Jean-Jaurès (UT2J), l’organisation syndicale d’extrême-droite UNI (Union nationale inter-universitaire) a tenté de diffuser le 11 février dernier sa propagande à la sortie du métro. Les étudiant·es se sont organisé·es pour refuser cette intrusion d’une organisation qui n’a pas sa place dans l’université et manifester leur opposition à cette tentative.
L’opposition des étudiant·es et des militant·es antifascistes à la pénétration d’une organisation dangereuse pour les étudiant·es de l’UT2J a été un succès : le montage des images pour prétendre à une « attaque » des militant·es antifascistes correspond à une tactique de l’extrême droite, qui vise à inverser les responsabilités et produire un discours de contre-vérité. En réalité dès l’arrivée des militant·es de gauche l’UNI a commencé à les insulter et à les provoquer. Puis lorsque des militant·es antifascistes se sont approché·es pour jeter de l’eau ils ont encaissé les premiers coups assénés par des militants de l’UNI. Le lendemain ils sont revenus escortés par la police nationale, qui à cette occasion a plusieurs fois rompu la franchise de l’université, c’est à dire l’impossibilité pour les forces de l’ordre d’y pénétrer. Malgré cette complicité policière un dispositif militant fut mis en place dès 8h30 pour récupérer leurs tracts avant l’entrée dans la fac. Ce dispositif a permis de remplir deux poubelles de leurs tracts et très peu ont pu passer grâce aux militant·es qui sont restés sur place jusqu’au départ de l’organisation fasciste 7h plus tard, toujours escortée par la police.
Les tactiques de l’extrême droite à l’université : lutter contre l’infox !
L’UNI diffuse régulièrement des fake news. Lors des élections étudiantes à Strasbourg, sa venue a provoqué plusieurs rassemblements antifa, l’UNI s’est réfugiée dans le bâtiment de la présidence de l’université. Les responsables de l’organisation ont dit sur le média d’extrême droite frontières que des antifascistes les auraient agressés au couteau. Ces allégations ne se basent sur rien. Aucun·e militant·e n’avait sur lui d’arme blanche. Mais comment auraint-ils pu s’en rendre compte, barricadés derrières les portes du bureau de la présidence de l’université ? Cette diffamation est d’autant plus risible que certains de leurs militants étaient en possession de spray au poivre qui sont malencontreusement tombés devant des militant·es de l’AES, seule force de gauche présente. Les militants de l’UNI qui n'ont pas cesser de se victimiser, étaient donc en réalité les seules personnes réellement armées.
De plus, l’UNI s’est fait connaître pour des faits de harcèlement. Ces méthodes remontent à la création de l’organisation après le soulèvement populaire de Mai 1968. Cette organisation est dès sa création faite pour lutter contre les mouvements sociaux. Pour ce faire l’organisation utilise des méthodes ignobles. Elle est en lien avec de nombreux groupuscules violents d’extrême droite, comme lorsqu’elle a été accompagnée en 2023 au Mirail par des militants de Furie Française. Ce groupuscule ultra violent est en effet un bel exemple des fréquentations de l’UNI, qui se rapproche souvent d’organisations de ce type, partout sur le territoire. Les liens avec l’extrême droite violente se font également dans les méthodes. En 2023 à Lorient le chef de la section locale tire au pistolet sur une affiche de l’Union pirate, section locale de l’union étudiante. En novembre 2024 à Caen, lors des élections aux conseils centraux des universités l’organisation blesse des étudiant·es dans le restaurant universitaire avant de menacer leurs camarades avec le sang des victimes. Cette semaine, leurs militants sont venus dans les toilettes avoisinant les locaux des syndicats pour taguer des croix gammées et des croix celtiques, vite recouvertes par des militants de plusieurs syndicats étudiants.
Ces comportements violents sont cachés par des idées moins offensives utilisées comme vitrine plus inoffensive, notamment via un green washing ridicule come par exemple la de demande de mise en place de plus de cendriers. De même, l'un de leur combat mis en avant est la lutte contre l’écriture inclusive sous prétexte que le masculin aurait la fonction du neutre dans la langue française. Or cette façon de parler instituée au 17e siècle avait pour but d’exclure les femmes de l’espace public.
Sexisme, racisme, LGBTIA+phobie : les faits d’armes d’un syndicat d’extrême droite
L’UNI n’est pas seulement une organisation violente mais elle est également profondément sexiste. Il ya de nombreux épisodes de harcèlement moral qui touchent majoritairement leurs militantes. Lors des élections de Strasbourg suite à de nombreuses insultes racistes visant un membre racisé de l’AFGES, une militante va fondre en larmes. Cette même militante sera le soir même victime de nombreuses menaces de mort car elle aurait appelé les gens à voter, sans préciser que l’appel au vote était destiné à mettre un bulletin brun dans l’urne. Les membres du bureau national n’hésitent d’ailleurs pas à utiliser leurs positions pour obtenir des faveurs sexuelles. Il arrive que des militantes soient exclues après avoir refusé les avances sexuelles des membres bien placés. Ces pratiques sont révoltantes et mettent les femmes en danger : l’UNI est une organisation sexiste. Leurs idées sont également LGBTIA+phobes. Un des membres de leur bureau national a pour insulte préférée et dernier argument : « moi au moins je suce pas des bites ». De plus, lorsqu’un des militants toulousains a demandé a l’UNI d’arrêter de le mégenrer, iels lui ont répondu qu’iels « connaissaient la biologie ». Les nombreuses attaques LGBTIA+phobes, sexistes, racistes, antisémites montrent la non-évolution idéologique depuis leurs ancêtres des années 1930.
L’UNI est également une organisation raciste et antisémite. Un jeu de cartes antisémite a été trouvé chez l’UNI Strasbourg comme l’a révélé le collectif Golem. Lors de soirées déguisées où ils se « déguisent » en juif ou en imam. Dans une de leurs vidéos, on peut voir des militants se moquer d’un « pak-pak » sur une musique de Bollywood. L’UNI partage également souvent des contacts avec Génération Z ou l’Action française. Ce qui montre le caractère antisémite et raciste de l’organisation. Lors des deux dernières semaines des saluts nazis ont été révélés ou filmés dans différentes villes (Toulouse, Strasbourg, Caen…). Ces signes montrent également les idées nauséabondes de l’organisation qui n’hésite pas à utiliser des méthodes plus violentes.
L’UNI montre la volonté de construire une université raciste, sexiste et élitiste. Raciste car iels s’opposent à la venue d’étrangers dans les universités, que ce soit à travers leur participation à des « ratonnades » ou à travers leur soutien à la plateforme mal nommée Bienvenue en France. Cette plateforme vise à faire payer plus de 3 200 euros de l’année de master aux étudiants « extra européens », fermant l’université aux publics internationaux les plus précaires. Sexiste car iels s’opposent à la mise en place de congés menstruels qui permettraient aux personnes menstruées de ne pas aller en cours lors de menstruations douloureuses, sans avoir à fournir de justificatif d’absence. Être contre cette mesure permet d’exclure les personnes concernées qui doivent alors aller en cours avec une douleur intenable ou perdre un de leurs rares jokers (qui autorise l’absence en cours sans perdre le droit de passer l’examen), et contribue à une hétéronormativité sexiste, élaborée pour faire de l’homme cis-het valide une référence unique qui masque la diversité des expériences vécues De plus l’UNI veut une université « d’élite » ce qui signifie selon elle d’épurer les personnes qui accèdent à l’université en augmentant la sélection. Cette sélection touchera en premier lieu les enfants de personnes possédant un capital culturel moins important, dont les parents n’ont pas forcément pu les aider dans leurs études à cause de l’exploitation perpétuelle à laquelle iels sont soumis par leurs patrons. L’UNI est également opposé au repas CROUS à 1 euro. Cette mesure a pour but d’empêcher les enfants de prolétaires d’accéder à l’université en augmentant les coûts d’accès à l’université et en précarisant davantage les étudiant·es.
Continuer la lutte : transformer la résistance en mouvement
L’opposition à l’UNI dans notre camp est unanime : l’intersyndicale a réaffirmé son soutien aux étudiant·es organisé·es et aux antifascistes. Cette convergence en est encore à ses débuts : le mouvement syndical des personnels de l’ESR était assez peu fourni et s’il y a une dynamique de syndicalisation à la CGT, tout reste à construire dans une université fragilisée par la précarisation de ses personnels, l’absence de prise en charge des risques psycho-sociaux et les projets de regroupements universitaires. Le mouvement étudiant reste polarisé par l’hégémonie de Révolution permanente et du Poing levé, dont l’objectif premier est l’auto-construction. Sur l’université, les militant·es du NPA s’efforcent donc de construire une résistance plus active, notamment en réfléchissant aux moyens d’une convergence avec les victoires remportées par les étudiant·es mobilisé·es à Sciences-Po sur les budgets.
Les images de l’UNI forcée de battre en retraite manifeste la capacité dont nous disposons pour riposter face à un projet politique opposé au nôtre, soutenu aussi bien par les pouvoirs en place que par les médias. Elle doit nous encourager à prendre confiance en nos capacités et à orienter nos actions.