Les épreuves de contrôle continue du bac Blanquer ont été perturbées dans plus d’un lycée sur trois. La profonde mobilisation lycéenne qui secoue le pays résonne dans un climat social déjà bouillant depuis le début de la grève et ouvre un axe de contestation supplémentaire.
Le 28 janvier, 1000 lycéenEs se rassemblent dans la cour du lycée Ella-Fitzgerald de Vienne (69) autour du slogan « Annulons les E3C ! ». Même la présence policière aux portes (puis au sein) du lycée n’a pas réussi à étouffer la jeunesse qui a débrayé les épreuves.
« On essaye de les soutenir et de les rassurer face à l’administration »
Ce slogan a été repris dans plus de 500 établissements qui se sont mobilisés et qui ont largement perturbé le nouveau bac Blanquer. À Nantes, Lille, Rouen, Strasbourg, Bordeaux et dans tout le pays, les E3C ont été l’explosion qui a permis à des milliers de lycéenEs de se joindre au mouvement du 5 décembre. En faisant fleurir les poubelles en feu devant les portes des établissements, les lycéenEs se posent en renouveau de foyer de la colère contre le gouvernement.
L’ambiance posée par la grève reconductible et l’implication des professeurs a infusé une combativité parmi les élèves. « Il y a quinze profs en grève reconductible dans le lycée, ça nous pousse à nous y mettre aussi », raconte une lycéenne de Louis-le-Grand à Paris qui a réussi plusieurs blocages. « On essaye de les soutenir et de les rassurer face à l’administration », témoigne un enseignant de Grenoble. Cette solidarité est représentative d’un mouvement qui regroupe largement des secteurs différents et dans les manifestations, cela se traduit par la présence de lycéenEs derrière les banderoles de leurs professeurEs. Au lycée Colbert (Paris), ce sont également des parents d’élèves qui ont aidés à bloquer les E3C. En face, le gouvernement déchaîne toutes les dimensions de la répression administrative. Des lycéenEs se font interdire l’accès aux épreuves, menacés de 0 ou de conseil de discipline. Les policiers gazent, frappent et interpellent. À Ravel (Paris), trois lycéenEs ont été déférés au tribunal.
Ancrer solidement le mouvement
Mais la combativité et la détermination des lycéenEs est toujours là. Au-delà de l’action de blocage, l’enjeu pour les lycéens et de se saisir pleinement de cadres démocratiques pour ancrer solidement le mouvement et faire participer le plus de lycéens possible. Déjà dans plusieurs lycées, des assemblées générales se tiennent pour décider de la suite du mouvement. Il faut généraliser ces cadres et les massifier pour qu’un maximum de lycéenEs participe directement aux décisions de la lutte. De plus, la profondeur du mouvement et le nombre de lycées impliqués pose la question de la coordination des lycéenEs entre eux. À Lyon, c’est une dizaine de lycées qui sont représentés dans les assemblées interlycées. À Strasbourg, une interlycées permet de monter des cortèges lycéens pour les manifestations. Dans la continuation de ces initiatives, il faut construire une réelle coordination nationale des lycéenEs, émanant des AG et s’affirmant comme direction du mouvement en décidant des suites.