Publié le Jeudi 3 décembre 2009 à 10h52.

Mastérisation : casse de la formation et du statut

La grève du 24 novembre donne un point d’appui à de futures mobilisations contre la réforme de la formation des enseignants. Tandis que l’ambiance était morose en cette rentrée, une dynamique s’est relancée à l’occasion de la journée du 24 novembre qui a été une réussite. Depuis l’an dernier, les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) se mobilisent contre la « mastérisation ». Les directions syndicales ne s’opposant pas vraiment aux premiers textes, des collectifs de lutte se sont constitués. La réforme du recrutement et de la formation des enseignants et des conseillers principaux d’éducation a deux objectifs : développer un vivier de précaires formés mais sans statut, qui pourront être recrutés par les académies ou les chefs d’établissements et casser la formation, notamment pour faire des économies. Jusqu’à présent, les étudiants passaient les concours de l’enseignement et devenaient fonctionnaires stagiaires pendant un an. Avec la réforme, ils devraient obtenir un master (bac+5) pour passer le concours, et la formation post-concours serait réduite à sa plus simple expression. Le 13 novembre, le ministère a publié un texte précisant l’organisation de masters censés dispenser une formation à partir de l’année prochaine. En première année de master (bac+4), les étudiants feraient des stages dans des classes, en « observation et pratique accompagnée ». Dans le même temps, ils suivraient une formation selon leur discipline. En deuxième année de master, ils passeraient les écrits du concours à partir du 15 septembre (pour les professeurs des écoles). Ceux qui auraient la chance d’être admissibles iraient en stage sur le terrain, les autres devraient se réorienter. Ceux qui obtiendraient le master sans obtenir le concours (ou le contraire) pourraient être recrutés hors statut de fonctionnaire. Dans le nouveau texte du ministère, il n’est plus question des IUFM qui devraient disparaître. Le NPA s’oppose à leur destruction car, s’ils ne sont pas parfaits, ils permettent un minimum de formation et de réflexion pédagogique. Ce texte a d’ailleurs été refusé par les syndicats, la Conférence des présidents d’université (CPU) et les directeurs d’IUFM. La grève du 24 novembre, attendue depuis la rentrée, a été un point d’appui pour des ripostes nécessaires aux attaques tous azimuts du gouvernement. D’autres échéances se profilent d’ailleurs.

Le 15 décembre, une journée d’action sera organisée par la plupart des organisations syndicales et des discussions s’engagent sur la reconduction de la grève dans plusieurs endroits dès le mois de janvier. Car, pour refuser la destruction du service public, c’est bien d’un mouvement d’ensemble dont on a besoin. Lisbeth Sal et Antoine Larrache