Le scandale Bétharram sonnera-t-il la fin de Bayrou ? Lui qui a réussi à échapper aux motions de censure et aux affaires judiciaires qui le visaient, s’embourbe dans un tissu de mensonges autour de son attitude dans l’affaire des violences commises dans l’école catholique Notre-Dame de Bétharram. Sur une période allant de 1950 à 2010, 112 plaintes ont été déposées pour des faits allant des sévices corporels à des viols, et concernant plusieurs membres du personnel de l’école.
Bayrou savait-il ? Ou plutôt, comment aurait-il pu ne pas savoir ? Alors que plusieurs de ses enfants étaient scolarisés à Bétharram, alors que sa femme y enseignait le catéchisme et était donc directement en lien avec les principaux accusés, alors qu’un juge et le gendarme chargé de l’enquête ont révélé avoir eu des discussions avec lui sur l’affaire ?
En tant que député, président du conseil départemental et même ministre de l’Éducation nationale, Bayrou n’a rien fait pour faire reconnaître et faire cesser les violences. Il est même allé jusqu’à apporter son soutien public à l’institution béarnaise en 1996.
Au-delà de la loi du silence, ce que révèle cette histoire, c’est la banalisation des violences à l’égard des enfants, dans un continuum qui va des violences physiques jusqu’aux violences sexuelles. Depuis des dizaines d’années, Bétharram était notoirement connue pour être un établissement d’une sévérité extrême, où les brimades physiques étaient une pratique pédagogique courante. Loin de la rendre infréquentable, cela en faisait pour une partie des notables de la région, Bayrou en tête, une institution modèle.
Rappelons que le même Bayrou, en 2002, s’était fait remarquer par une claque donnée à un enfant à Strasbourg, au moment où il faisait campagne pour les présidentielles. Au lieu d’exprimer ses regrets pour un acte pourtant pénalement condamnable, il avait alors expliqué avoir réagi « en père de famille ».
On ne pourra mettre fin aux violences exercées sur les corps des enfants, qu’elles soient physiques ou sexuelles, qu’en les comprenant comme un tout indissociable, et en combattant l’idéologie patriarcale d’un retour en arrière éducatif.