Les épreuves de spécialité du baccalauréat se sont tenues les lundi 20, mardi 21 et mercredi 22 mars pour les classes de terminale des filières générales et technologiques. Elles se déroulent cette année dans le contexte de la lutte contre la réforme des retraites et suscitent l’énervement de nombre de professeurEs.
Le ministère annonçait dans une circulaire spéciale « [qu’]un dispositif spécifique sera mis en place à partir de lundi ». Celleux qui auront lu le texte jusqu’au bout ont été déçues : il s’agit uniquement de convoquer des « surveillants supplémentaires », de prévoir des « aménagements du temps d’épreuve » pour permettre d’accepter jusqu’à une heure de retard des élèves et des « dispositions nécessaires [qui] seront prises pour permettre l’accès des candidats aux centres d’examen en lien avec les préfectures de département ». En clair un dispositif d’alerte des préfectures en cas de blocages de lycées, c’est dire la fébrilité du ministère. Des moyens pour l’éducation, il n’y en a que pour faire face à une grève massive contre la réforme des retraites.
Le bac en mars, vous trouvez ça absurde ?
La réforme du bac s’appuie d’une part sur le contrôle continu de toutes les disciplines (les moyennes obtenues tout au long de l’année) et sur deux enseignements de spécialité, qui donnent le « type » du bac (comme il y avait S, ES, L, STMG, etc.). Les épreuves de spécialité (32 % de la note finale) se déroulent en mars pour être intégrées à Parcoursup et tenter de redonner un vernis « d’égalité des chances » à la sélection à l’entrée de l’université. Puisque, de l’aveu même des concepteurs de la réforme, le contrôle continu est inégalitaire : les notes d’un bahut de classe populaire « valent » moins que celles d’un bahut bourgeois lors de la sélection pour l’entrée dans le supérieur.
Faire passer les épreuves avant la fin de l’année impose un rythme effréné de septembre à mars. Ce qui ne permet de s’approprier ni les connaissances ni les méthodes. Ce qui accroît encore plus les inégalités : certainEs se payeront des cours particuliers pour pallier les manques de l’École. Faire un contrôle continu implique une injonction perpétuelle à la réussite scolaire. L’ensemble induit une augmentation du stress et de l’anxiété. Les jeunes sont trop souvent laisséEs seulEs face à leurs problèmes, faute de moyens à l’école et en pédopsychiatrie. Ce qui explique, en partie, l’augmentation délirante de consommation de psychotropes chez les 7-17 ans (de deux à 20 fois plus élevé qu’en 2014 selon un récent rapport).
C’est, entre autres, pourquoi la réforme Blanquer est unanimement dénoncée depuis son instauration. Depuis trois ans, les épreuves ne se sont jamais tenues en mars. Alors, acharnement idéologique ou déni de Pap Ndiaye ? Sûrement les deux.
Grève, blocage, Macron et ton bac dégage !
Pour beaucoup de collègues le bac reste un symbole difficile à toucher. Mais cette année iels sont nombreuses et nombreux à se saisir de la grève des surveillances pour contester tant la réforme des retraites que le bac Blanquer. D’autant que sur la question du bac, le caractère bloquant de la grève est plus évident pour de nombreux collègues. Le 49.3 a convaincu des collègues hésitantEs. La grève des surveillances a été l’occasion d’apporter une contribution significative à la contestation de la réforme des retraites.
Maintenir le bac en mars est irresponsable. Nous voulons le report de ces épreuves et le retour à des épreuves nationales en juin, l’abandon de Parcoursup et que les lycéenEs puissent s’inscrire dans la filière de leur choix et, bien sûr, le retrait de la retraite à 64 ans !