Publié le Samedi 10 octobre 2015 à 07h45.

Notes à l’école : Vallaud-Belkacem, réac ou révolutionnaire ?

La ministre a annoncé en grande pompe un nouveau bulletin, national, pour les écoles et les collèges. Il existe encore des zones d’ombre sur cette annonce, mais on peut déjà y déceler le jeu de dupes auquel se livre le gouvernement dans cette période de développement des idées réactionnaires.

Le ministère prétend encourager le recul de l’utilisation des notes au bénéfice de l’évaluation des compétences. Cela peut sembler très progressiste : regarder les tâches concrètes des élèves plutôt que les noter bêtement sur une échelle qui les discrimine, les décourage et ne dit rien sur les contenus appris.

Mais, en y regardant de plus près, les choix de la ministre s’inscrivent en réalité dans les processus en cours depuis une dizaine d’années de libéralisation de l’école. En effet, d’après un rapport de l’IGEN de 2013, seuls 20 à 30 % des écoles élémentaires (du CP au CM2) déclarent toujours utiliser les notes, essentiellement en CM2 pour préparer au collège… Et, surtout, il y a bien longtemps que les « compétences » ont perdu leur caractère progressiste dans l’Éducation nationale, visant aujourd’hui essentiellement à découper les tâches des élèves et à fliquer les enseignantEs.

Un pas supplémentaire... en arrière !

La réforme actuelle franchit un nouveau cap, s’appuyant sur le climat actuel qui fait croire que l’école serait responsable du chômage, que le niveau baisserait...

La ministre prévoit donc un bulletin, consultable en ligne, « aisément compréhensible par les parents, avec des évaluations par matière, et des évaluations sur la discipline, sur l’absentéisme ».

Mais où est l’envie d’apprendre ? En « associant » les parents, le ministère déresponsabilise en réalité les deux principales parties prenantes : l’institution et les élèves. Et rien n’est dit sur le contenu des « compétences », mais il est bien possible que ce soit, comme c’est souvent le cas actuellement, des intitulés de deux lignes aussi incompréhensibles qu’inadaptés.

La ministre promet également de célébrer le diplôme du collège. Une façon de revenir à l’école de la IIIe République en valorisant les meilleurs… et donc en dévalorisant les moins performants.

Enfin, quand la ministre prévoit d’individualiser les enseignements et de supprimer les redoublements, on voit un des buts de la réforme : libéraliser, c’est-à-dire faire faire plus aux enseignants et aux élèves... avec moins de moyens. Le contraire des mobilisations actuelles qui demandent plus de moyens car justement, pour s’adapter aux besoins des élèves, il en faut moins par classe !

Antoine Larrache