Publié le Lundi 5 février 2018 à 14h22.

« Plan étudiant » : La sélection fait son entrée officielle à l’université

Le « plan étudiant » du gouvernement doit entrer en vigueur dès la rentrée de septembre 2018. Selon le gouvernement, il ne serait pas question de « sélection » à l’université. Pourtant, c’est bien un cocktail explosif qui se prépare et dont le « plan étudiant » n’est que la première étape. 

Le projet de loi relatif à l’orientation et à la réussite des étudiantEs, dit « plan étudiant », va modifier considérablement les conditions d’admission et de formation à l’université. Avant même sa lecture au Sénat prévue les 7 et 8 février, la première mise en œuvre est déjà effective à travers la création de la plateforme Parcoursup qui remplace APB (admission post-bac). 

Sélection multiforme

Premier aspect de la réforme, l’admission des prétendantEs à l’université va être considérablement modifiée, notamment à travers la mise en place de la plateforme Parcoursup. Désormais, les étudiantEs ne pourront plus faire que 10 vœux, sur une offre totale de formation qui comprend 12 000 possibilités. Surtout, les candidatEs seront triés selon une liste « d’attendus » (équivalent des prérequis que souhaitait Macron) nationaux et locaux, comme avoir suivi un module précis, sur une plateforme internet par exemple, ou bien avoir le BAFA. 

Deuxième aspect de la réforme, celle-ci prévoit la fin de la compensation. Ce mécanisme permettait jusqu’ici, pour les (nombreux) étudiantEs qui obtenaient moins de 10/20 dans une UE (unité d’enseignement) de la compenser avec les autres UE en obtenant une moyenne supérieure à 10/20 sur l’année. Concrètement, le taux d’échec à l’université va augmenter significativement. Cet aspect de la réforme est d’autant plus explosif que cette dernière coïncide avec deux autres chantiers du gouvernement et des directions d’université qui sont actuellement sur la table. D’une part, la fin des rattrapages qui pourrait être expérimentée dès l’année prochaine. D’autre part, l’interdiction des redoublements qui vient d’être mise en place, à titre « d’expérimentation », par les universités Paris V, VI et VII dans les filières de médecine, et pourrait se généraliser rapidement à d’autres filières et universités.

Mobilisation croissante 

Enfin, le gouvernement souhaite mettre en place une modularisation des enseignements avec la fin des parcours et des années de licence, c’est-à-dire une latitude beaucoup plus grande pour composer son parcours avec différents modules. Cela signifierait l’enterrement de toute possibilité d’équivalence nationale des diplômes et donc le renforcement d’une université à deux vitesses, avec des parcours d’élite et des parcours « poubelles ». 

Le projet général est limpide : exclure de plus en plus d’étudiantEs, en particulier celles et ceux issus des classes populaires, de l’enseignement supérieur. Il y a donc urgence à se mobiliser largement pour contrer ce projet, surtout que cette réforme d’ampleur en annonce d’autres, comme l’augmentation des frais d’inscription qui était dans le programme du ­candidat Macron. 

Dans certaines universités, la mobilisation a déjà commencé : à Toulouse Jean-Jaurès, 600 étudiantEs se sont réunis en assemblée générale ; à Paris 1­-Tolbiac, 400 personnes. Ces universités appellent les autres facs à faire de même. Par ailleurs, une première « Coordination nationale de l’éducation » (CNE), appelée par les organisations syndicales du supérieur mais aussi du secondaire s’est réunie le 27 janvier à Paris 3. 

Le jeudi 1er février, l’intersyndicale de l’enseignement supérieur appelle à une journée de mobilisation, rejointe par plusieurs organisations de jeunesse, dont le NPA jeunes. Il faudra être nombreuses et nombreux, en grève et dans la rue, pour poser la première pierre d’une mobilisation seule à même de faire reculer le gouvernement. 

Georges Camac