Lundi 2 septembre, il y a les profs qui ont fait la rentrée, et il y a les autres. Dans l’académie de Créteil, ce sont plusieurs centaines de professeurEs contractuelEs, qui assuraient des remplacements depuis parfois plusieurs années, qui se sont fait débarquer brutalement pendant les vacances. Un véritable plan social dans l’indifférence quasi générale.
Les chiffres sont éloquents. Sur les 2 300 contrats à l’année, 500 n’ont pas été reconduits à cette rentrée. Mais en fait, en comparant le nombre d’emplois de contractuelEs entre cette année et la précédente, à la même période, le déficit dépasse les 1 500…
Avec des situations souvent dramatiques, puisqu’une bonne partie d’entre elles et eux se retrouvent sans ressource, dans l’impossibilité même de toucher les allocations chômage dans la mesure où le rectorat ne daigne même pas remplir son obligation de fournir l’attestation de fin d’emploi. Et pour les ressortissantEs des pays hors UE, la fin du contrat avec l’Éducation nationale risque aussi de compromettre le renouvellement de leur titre de séjour.
« On se croirait revenu dix ans en arrière »
Ces dernières années pourtant, l’explosion des besoins en remplacements combinée à l’action syndicale avaient permis d’obtenir des conditions d’emploi plus décentes pour les professeurEs contractuelLEs. Avant cette rentrée, où, selon les mots d’un responsable syndical : « On se croirait revenu dix ans en arrière. »
Alors comment expliquer ce changement brutal de politique ? Il est dû, d’une part, à la réforme du lycée, qui réduit les heures d’enseignement et, d’autre part, au décret permettant d’imposer une 2e heure supplémentaire à touTes les enseignantEs. Des mesures d’austérité dont les plus précaires parmi les enseignantEs sont, on le voit, les premières victimes.
Mais ces calculs ne sont pas simplement cyniques. Ils sont également faux. Car l’autre scandale de cette rentrée, c’est qu’il manque encore plein de profs devant les classes. La faute à l’inconséquence d’une politique à flux tendu de gestion des personnels. Comble de l’ironie, le service qui s’occupe de l’affectation des contractuelEs s’est retrouvé tellement en sous-effectif qu’il a dû recruter en toute hâte une dizaine de vacataires contractuels…
Face à cette situation, à l’appel des syndicats, deux rassemblements ont déjà eu lieu devant le rectorat, réunissant entre 150 et 300 personnes pour demander le réemploi de tous les précaires. Un nouveau rassemblement est prévu mercredi 11 septembre à 14 h.
Espérons que le scandale de cette rentrée permettra de poser vraiment la question de la manière dont sont traités les contractuelEs dans l’Éducation nationale. Il faut amplifier la mobilisation et que toutes et tous, syndicats, précaires et titulaires, s’unissent derrière un mot d’ordre clair, le seul à même de mettre un terme à la précarité et à la gestion inhumaine des personnels : le réemploi et la titularisation sans condition de touTEs les contractuelEs.
Raphaël Alberto