Plusieurs mois après les épisodes de confinement et de fermeture des universités, plusieurs études scientifiques viennent de paraître et de porter des conclusions particulièrement inquiétantes sur la santé mentale des étudiantEs.
En décembre, des chercheurEs du CNRS et de l’université de Lille publiaient une étude intitulée « Symptômes de santé mentale des étudiants universitaires 15 mois après le début de la pandémie de Covid-19 en France », étude effectuée sur près de 45 000 étudiantEs. Cette étude avance des proportions d’étudiantEs présentant des troubles psychologiques alarmant : 23,7 % pour l’anxiété, 20,6 % pour le stress, 15,4 % pour la dépression et 13,8 % pour les idées suicidaires. Les chercheurEs concluant par ailleurs que « la pandémie a pu avoir des conséquences durables sur la santé mentale des étudiants ». Si l’anxiété, le stress et la dépression ont pu diminuer quelques mois après les épisodes de confinement, les taux de prévalence restent supérieurs à la période pré-Covid. Quant aux idées suicidaires, la prévalence reste élevée également. Un étudiantE sur 55 présente les symptômes de stress post-traumatique.
Isolement, précarité et vulnérabilité
Les facteurs de ces troubles sont connus et identifiés : isolement, basculement des enseignements en distanciel, précarité financière, logement trop petit et insalubre. À cela s’ajoute aussi des facteurs de vulnérabilité qui amplifient les risques : les femmes sont plus touchées ainsi que les personnes LGBTI, les étudiantEs étrangers, les plus pauvres. Pour des étudiantEs LGBTI, c’est le retour contraint dans la sphère familiale qui a aussi été source de violence et de troubles psychologiques.
Face à cette détresse et cette explosion des cas, les services de médecine préventive et les cellules handicap des universités sont trop sous-dotés pour accueillir et aider les étudiantEs correctement. Si la prévention des contaminations a été pertinente à un moment donné de l’épidémie, celle-ci n’a pas été associée à une stratégie de prévention des risques psychologiques sur une population étudiante déjà largement vulnérable.
Service public de l’enseignement supérieur
Alors que, lors du premier confinement, les universités ont rouvert après les supermarchés, montrant ainsi le mépris gouvernemental pour la jeunesse, les pouvoirs publics n’ont pas pris la mesure de la détresse psychologique des étudiantEs. Quelques chèques psy, quelques embauches partielles et précaires de psychologues, mais des délais de rendez-vous toujours plus longs et des personnels désemparés.
Pour faire face à cet enjeu, il faudra en premier lieu changer de paradigme face au handicap. Sa prise en charge ne peut se réduire à son acceptation simplement médicale, mais devenir une question sociale, traitée dans son ensemble et donc mobilisant l’ensemble des personnels et des étudiantEs. Mais pour cela, le gouvernement et le ministère doivent prendre la mesure de l’état de l’Enseignement supérieur à l’heure actuelle et réinvestir massivement dans ce service public.