En moins de trois mois, cinq jeunes, dont quatre mineurs, sont morts au travail. Révoltant et triste et pourtant si prévisible… Et que va faire le gouvernement ? Rien. Et même pire.
Le 10 juillet dernier, la ministre du Travail, Panosyan-Bouvet, déclarait : « Les accidents du travail graves et mortels ne sont pas des statistiques mais des vies, des familles et des collectifs de travail brisés. S’ils ont des causes diverses, ils ont en commun d’être, pour beaucoup, évitables. Les mêmes constats sont souvent faits : insuffisance de l’évaluation des risques, risques générés par de longues chaines de sous-traitance, manque de formation des travailleurs, notamment des jeunes et des nouveaux arrivants ».
Les décès successifs de jeunes travailleurs ces derniers mois ont mis en lumière une nouvelle fois l’ampleur des morts au travail, et le gouvernement se retrouve contraint de faire croire qu’il agit, tout en ménageant les patrons, responsables de ces morts. La ministre a donc annoncé une série de mesures pour lutter contre les accidents graves et mortels, plus imprécises les unes que les autres, et aux délais de mise en œuvre incertains.
Si le gouvernement voulait réellement lutter contre cette hécatombe, particulièrement chez les jeunes qui sont deux fois plus touchés que la moyenne des travailleurEs, il pourrait commencer par revenir sur les déréglementations introduites par Macron et son prédécesseur.
Suppression de la vérification de conformité en 2015
Au printemps 2015, Valls et Rebsamen ont supprimé, par décret, l’autorisation de l’inspection du travail pour affecter des salariéEs mineurEs à des travaux dangereux. Depuis, une simple déclaration, que la plupart des employeurs ne se donnent même plus la peine d’adresser, suffit pour faire travailler unE jeune sur une presse, l’exposer à des agents chimiques dangereux, ou lui faire conduire un engin de levage.
Auparavant les inspecteurEs du travail se déplaçaient dans l’entreprise et vérifiaient la conformité des équipements concernés et plus généralement le respect des règles de sécurité dans l’entreprise, ce qui conduisait fréquemment à des décisions de refus (y compris dans les lycées professionnels !).
Toujours en 2015, la loi Rebsamen a autorisé les patrons à renouveler les CDD et les contrats d’intérim deux fois au lieu d’une seule. Il était pourtant déjà parfaitement connu que la précarité surexpose les travailleurEs aux accidents du travail.
Fin de la visite médicale d’embauche en 2016
L’année suivante, la loi El-Khomri, dite « loi travail », a mis fin à la visite médicale d’embauche, remplacée par une visite d’information et de prévention à réaliser dans les trois mois suivant l’arrivée du salarié dans l’entreprise — ce qui veut dire jamais pour les contrats de courte durée — et a permis d’espacer jusqu’à 5 ans les visites périodiques.
Les ordonnances Macron de 2017 sont venues couronner cette rafale de mesures contre la santé et la sécurité des travailleurEs en supprimant les CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), seule instance de représentation du personnel dédiée à ces sujets, pour confier leurs prérogatives aux CSE (comité social et économique).
Sans surprise, le gouvernement n’envisage de revenir sur aucune de ces déréglementations. Il a, par contre, annoncé avec son projet de budget 2026 une nouvelle réforme du droit du travail qui pourrait comprendre la suppression des visites médicales de reprise par la médecine du travail après un arrêt maladie. Chassez le naturel...
Il est grand temps de dégager Macron, Bayrou et leur clique. Dès la rentrée, toutes et tous en grève et dans la rue !
Simon Saissac