Publié le Vendredi 3 juin 2011 à 10h11.

Recrutement de profs à Pôle emploi : la braderie de l'année

L’Éducation nationale envisage 16 000 suppressions de postes l’an prochain, soit le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Rassurez-vous, après les dernières suppressions catastrophiques dans le premier degré, Chatel entend épargner les classes primaires... en théorie. Selon le ministère de l’Éducation, il y aurait assez de professeurs et nos établissements scolaires n’en manqueraient pas. C’est donc certainement pour cette raison que Chatel cherche à recruter 17 000 « jeunes talents » selon son expression. Évidemment, il faudra être talentueux pour prendre des classes sans formation dès septembre et compte tenu des conditions d’exercice actuelles dans l’enseignement. Professeur jetable, malléable et bon marché, voilà un chouette job d’avenir !

Sur les 33 000 départs à la retraite, 17 000 donneront lieu à un recrutement via Pôle emploi grâce à l’opération de « prérecrutement » organisée jeudi dernier à Paris. Certes, cela fait bien longtemps que des contractuels sont recrutés par ce biais, mais c’est bien la première fois qu’il y a, de manière assumée, un partenariat Pôle emploi/rectorat de Paris en vue de remplacer les profs absents. L’État va encore s’enorgueillir du fait que l’Éducation nationale est un super employeur...

Ce sont en fait 3 000 postes à pourvoir dans le premier degré et 8 600 dans le second. Et ceci sans compter les recrutements d’agents administratifs et de personnels de santé scolaire qui mériteraient pourtant de vraies créations de postes.

Ces contrats sont évidemment sans perspective puisqu’ils ne sont établis que dans l’urgence pour de deux, trois, six mois, voire un an. Pas de quoi sortir ces futurs profs de la précarité, malgré une super campagne de communication censée revaloriser le métier d’enseignant. Il est vrai qu’envoyer sur le terrain sans formation des personnes en contrat précaire au lieu de créer de vrais postes et titulariser ne peut que revaloriser la profession... Pour l’État on chiffre déjà l’économie réalisée depuis 2007 grâce à ces non-remplacements, à un milliard d’euros. Somme qui selon les porte-parole du gouvernement servirait à la revalorisation des profs. Revalorisation ? Sûrement pas des salaires puisqu’il a été confirmé un gel de la valeur du point d’indice en 2011, 2012 et 2013 pour les personnels de la fonction publique. En dix ans, le pouvoir d’achat des salariés a diminué de 10 % ! Mardi 31 mai, c’était d’ailleurs pour réclamer une augmentation des salaires que les fonctionnaires de l’Éducation nationale étaient dans la rue. La rentrée s’annonce ainsi compliquée tant que le gouvernement, Chatel en tête, bradera les postes d’enseignants et ne prendra pas la mesure du malaise qui traverse cette profession.

Coralie Wawrziniak