Depuis le début de la crise sanitaire, l’impréparation, les annonces qui se contredisent du matin au soir, l’absence de moyens pour faire face à la situation, la pression et l’angoisse d’une illusoire « continuité pédagogique » ont été le quotidien des personnels de l’éducation, des élèves et leurs familles.
Le 11 mai, certaines écoles et collèges ouvraient partiellement (GS, CP, CM2, 6e, 5e). La mise en place des protocoles et des rotations (car tous les élèves ne pouvaient être accueillis chaque jour), école par école, auront été laborieuses et le bilan pédagogique inexistant. Puis, sans aucune anticipation, les personnels apprenaient le 28 mai, par la presse, qu’ils avaient deux jours ouvrables pour tout réadapter afin d’ouvrir tous les niveaux de la maternelle à la terminale. Ces conditions n’ont bien sûr pas permis une réelle reprise pédagogique et n’ont fait que creuser encore plus les inégalités sociales.
Deux semaines plus tard, le 14 juin, toujours sans anticipation et par la presse, Macron annonce l’accueil de tous les élèves à plein temps dès le 22 juin. Le protocole sanitaire n’est publié que le 17 juin, puis allégé dès le 18. La plupart des mesures sanitaires disparaissent. Finalement, Blanquer doit reconnaître que les établissements n’auront pas les moyens d’accueillir tous les élèves. Les personnels sont noyés sous les ordres et contre-ordres.
Pendant ce temps, un bac mention n’importe quoi
Face au confinement, la seule mesure juste socialement était de donner le bac à touTEs. Blanquer a choisi de jouer avec les nerfs des candidatEs en annonçant des solutions différentes tous les quatre matins. Finalement, le bac sera attribué sur la base des moyennes des trimestres précédents, mais le ministère à laissé la possibilité aux établissements de les modifier. Dans chaque établissement, les équipes pédagogiques ont donc cherché des formules locales. Dans les faits ce sont les grands lycées d’élite (habitués à sous-noter pour préparer aux classes prépas) qui ont le plus modifié les notes en faveur de leurs élèves. Et pour être bien sûr que les privilèges sociaux ne soient pas altérés, les jurys de bac ont pour consigne de garantir un taux de réussite local équivalent aux dernières années pour chaque lycée, filière par filière. Les bachelierEs auront donc un diplôme ultra-local qui ne dépend que du lycée dans lequel ils ont étudié. Blanquer doit être ravi, lui qui veut détruire le bac national.
Lutter ensemble pour dégager Blanquer et ses projets
L’objectif de Blanquer est clair : finir l’année scolaire comme si de rien n’était, ignorer les conséquences du confinement (la formule magique « vacances apprenantes » n’y changera rien), et surtout ne pas rendre de comptes, allant jusqu’à alimenter une campagne calomnieuse sur le prétendu « décrochage » des profs.
Le mépris des personnels, le management par la surprise et l’urgence quotidienne, ont enfermé le milieu enseignant dans un quotidien étouffant et la sidération. Personne, à une échelle large, n’a pu poser la question du bilan pédagogique des trois derniers mois, des moyens nécessaires pour y remédier pour touTEs les élèves. Blanquer, lui compte bien accélérer : suppressions de classes, des diplômes nationaux, école numérique...
Pourtant l’urgence est de dégager du temps et des moyens pour préparer les années prochaines et amortir le rattrapage du temps perdu : aménager les programmes, recruter massivement pour faire baisser les effectifs par classe, mettre en place des dispositifs humains de soutien, mettre aux normes les bâtiments, et anticiper une éventuelle nouvelle épidémie. Pour cela, le ministre nous le démontre chaque jour, on ne pourra compter que sur nos mobilisations ! Si l’on ne fait rien en juin, septembre sera chaud !