La grève unitaire du 5 décembre a été suivie au même niveau que les grèves des 13 et 14 novembre, appelées par les seules FO, la CGT et Sud, sans le SNUipp-FSU.
Avec 40 à 50 % de grévistes, le chiffre n’est pas mauvais, d’autant qu’il s’agissait pour certaines villes de la septième journée de grève en un an. Mais il est clairement décevant quand on sait que, FO, CGT et Sud, très minoritaires, et la moitié des sections départementales du SNUipp-FSU avaient réussi à entraîner autant de monde un mois avant.Dans les secteurs militants, la discussion se mène sur les raisons de ce relatif échec. Ce qui remonte au premier plan est le « manque de détermination » du syndicat majoritaire, le SNUipp. Malgré la pression de nombreuses sections locales, la direction aura vraiment tout fait : à quelques jours de la grève des 13 et 14 novembre, elle aura proposé cette grève début décembre, ce qui a eu pour effet de diviser ceux qui étaient prêts à attendre et ceux qui voulaient partir tout de suite. La grève du 5 décembre est du coup apparue comme trop tardive, et sabote les possibilités de grève reconductible puisqu’elle est organisée à une semaine des remises de livrets et deux semaines des vacances de fin d’année.C’est tout le paradoxe de la situation... Jamais le syndicat majoritaire n’a eu de position aussi combative : alors qu’il était clairement favorable à la réforme l’an dernier, il s’affiche aujourd’hui « pour une réécriture complète du décret » sur les rythmes scolaires ; jamais les jalons pour une mobilisation nationale n’ont été aussi bien posés ; jamais le gouvernement n’a été en aussi mauvaise posture. Et pourtant c’est actuellement le découragement qui domine.
Profiter de la faiblesse du gouvernementIl n’est pourtant pas question de se démoraliser. D’abord parce que depuis un an la combativité des personnels reste forte (la grève du 5 décembre est souvent plus réussie, là où celle du 14 novembre était faible), mais aussi parce que le gouvernement est en position difficile.Ainsi, les mairies PCF de Bagnolet et Vitry-sur-Seine ont indiqué qu’elles n’appliqueraient pas la réforme. Il en est de même pour de nombreuses mairies de droite, alors que l’UMP, qui aujourd’hui dénonce la réforme, l’a préparée et a d’ailleurs le culot de proposer à l’Assemblée une loi encore pire : que les rythmes soient décidés par les maires sans droit de veto des rectorats, donc d’en finir complètement avec l’Éducation nationale… Et le gouvernement a annoncé qu’il renonçait à obliger ces mairies à appliquer la réforme.Le ministère allume des contre-feux sur plusieurs thèmes : le statut des enseignantEs (il annualise le temps de travail des remplaçantEs dans les écoles et remet en cause le temps de travail hebdomadaire dans les lycées et collèges), les programmes scolaires… Ces contre-feux pourraient, avec un peu de volonté syndicale, se transformer en braises chaudes pour construire une mobilisation nationale contre la remise en cause des statuts et contre le développement des inégalités.En effet, les enquêtes PISA le montrent, et les réformes Darcos et Peillon en sont les moteurs : quand on casse les enseignantEs, quand on leur rend le travail plus difficile et plus rigide, on obtient un système qui reproduit fortement les classes sociales.Ça ne fait que commencer.
Antoine Larrache