Les journées de grève des 12, 13 ou 14 novembre dans l’éducation ont été comme annoncé des réussites.
À Paris, les animateurs ont été massivement en grève le mardi, seulement 75 écoles sur 660 ayant fonctionné normalement, avec des cantines ou des activités périscolaires complètement fermées dans la majorité. Cela a montré la force de frappe de ces salariéEs et l’ampleur de leur colère.
Le mouvement continueChez les enseignants, la grève mercredi ou jeudi a été massive : environ unE enseignantE sur deux en grève, avec des pointes à 80 ou 90 % de grévistes dans certaines villes, malgré l’absence d’appel national à la grève du SNUipp-FSU. Pourtant, une quarantaine de sections départementales avaient appelé à la grève contre l’avis de la direction nationale, ce que le secrétaire général a l’audace de décrire de la façon suivante : « nous avons très clairement été engagés dans une quinzaine d’actions nationales sous forme de grèves et rassemblements. » Une façon de nier la fronde qui existe dans le syndicat majoritaire contre les positions de la direction nationale, une fronde qui devrait se concrétiser par un appel national à la grève début décembre.À Paris, où la grève a atteint 70 % (pour la sixième grève depuis un an sur ce thème), les discussions sur la reconduction ont commencé : dans les plupart des arrondissements, le principe de reconduire a été voté. Dans certains (18e et 20e), une tentative de grève reconductible est en préparation à partir du 26 novembre. L’idée est de libérer du temps pour convaincre les hésitantEs, concrétiser le soutien des parents d’élèves (un sondage révèle que 65 % d’entre eux sont favorables à l’arrêt de la réforme), organiser la convergence entre personnels de la ville et de l’Éducation nationale.Mais les difficultés sont réelles, les organisations syndicales, malgré des déclarations d’intention en assemblées générales, ne relayant pas ces appels à reconduire le mouvement. De plus, pour l’instant, les assemblées générales n’ont pas acquis la force de construire seules le mouvement. Mais des jalons sont posés pour continuer à construire la mobilisation.
Pendant ce temps, rue de Grenelle…Alors que les personnels sont mobilisés, Vincent Peillon ouvre le plus naturellement du monde des « concertations sur le métier d’enseignant », où se rendent bien gentiment les directions syndicales…Le ministre marche sur des œufs car il sait qu’il ne faut pas donner l’impression de lancer une nouvelle attaque. Pourtant, les annonces sont explosives. Il propose de redéfinir le temps de travail des enseignants, faisant croire qu’il s’agira d’un progrès alors que les premiers éléments concrets sont un projet d’annualisation du temps de service des enseignants remplaçants et l’exigence de faire travailler deux fois le 2 septembre (comme journée de pré-rentrée et plus tard en deux demi-journées devant élèves). Il propose encore de discuter du statut des directeurs d’écoles, alors que la réforme des rythmes scolaires pousse déjà à faire des écoles de petits établissements recrutant leurs animateurs et discutant, sous pression des mairies, de projet éducatifs locaux, ce qui renforce les inégalités sur le plan national. Enfin, il fait semblant de s’intéresser à l’éducation prioritaire, alors qu’il ne revient pas sur la suppression des postes de RASED (réseaux d’aide spécialisée aux élèves en difficulté) et sur la pénurie budgétaire.L’enjeu pour le mouvement est que ces provocations soient comprises comme telles, et encouragent à se mobiliser pour faire reculer le gouvernement.
Antoine Larrache