Sarkozy dans son discours a lancé les grandes pistes de la nouvelle réforme du lycée. Le contenu de ces annonces reste en réalité assez imprécis. Il faut dire qu’avec cette histoire le gouvernement marche sur des œufs. Il faut rappeler qu’il avait était obligé de repousser d’un an la réforme l’an dernier devant la mobilisation des lycéens. Il sait que ce secteur est particulièrement combatif, alors il doit composer entre sa volonté de poursuivre coûte que coûte son projet de transformation de l’éducation et le risque de mobilisation des lycéens.
Ces annonces ne font pas l’effet d’une bombe mais on peut déjà analyser quelques éléments importants pour saisir la direction générale : développer l’excellence mais aussi les stages, c’est à dire une école à 2 vitesses.
« Le Rééquilibrage des filières » : La Première annonce est de faire de la filière littéraire une filière d ‘excellence en rajoutant des langues et peut être du droit (mais on ne sait pas si cela concerne une partie ou toute la filière). Il s’agit également de rénover la filière STI. Cette idée qui se trouvait déjà dans les rapports Apparu et Descoing était justifiée par le besoin pour la France de faire le choix de l’industrie et donc dans le cadre de la concurrence mondiale de former une main d’œuvre pour sauver l’industrie française. L’objectif c’est une meilleure formation d’excellence dans tous les domaines mais bien évidemment pas pour tout le monde : autrement dit on va former l’élite dans plus de domaines différents pendant que les autres se débattrons dans la merde.
« Chantier orientation » : pour que l’orientation soit progressive et qu’il y ait moins de redoublement, la proposition est de faire une classe de première « plus générale » et une classe de terminale « plus spécialisée » et « plus connectée avec l’enseignement supérieur ». Cela veut tout et rien dire à priori. Mais cette proposition se trouve déjà dans le rapport Apparu : la spécialisation de la terminale en lien avec l’enseignement supérieur va principalement signifier que le choix de la filière au lycée déterminera nos futurs choix pour l’université. Le choix d’orientation se fera donc au lycée et non plus à la fac car le choix au lycée est contraignant pour la suite.
Les « passerelles » entre les filières ont pour objectif d’éviter les redoublements. Il est indiqué dans les rapports leurs coûts financiers élevés… Le véritable objectif c’est de faire des économies en réorientant ceux qui risquent d’échouer directement vers d’autres parcours. Si tu rates le premier trimestre on pourra t’envoyer ailleurs sans attendre la fin de l’année.
« La professionnalisation »
Sarkozy annonce que des stages en entreprise seront proposés à tous les lycéens, ainsi qu’aux enseignants. Cette mesure s’inscrit dans la même logique que le plan d’aide aux jeunes qu’il avait annoncé la semaine dernière avec l’objectif d’accroitre le nombre d’apprentis et de formations en alternance. Il veut à la fois faire entrer de plus en plus les entreprises privées dans l’éducation et offrir aux entreprises une main d’œuvre presque gratuite.
« Accompagnement personnalisé » : Sarkozy propose 2h par semaine d’accompagnement personnalisé pour approfondir les connaissances, combler les lacunes, ou donner des méthodes de travail. Là encore rien de précis mais si on se regarde les rapports précédents, ils préconisent que ces heures servent aussi pour l’orientation, ou la découverte du monde du travail. Ces heures permettront donc à ceux qui ont le plus de facilités d’avancer pour être préparer à l’excellence tandis que les autres auront au mieux une aide scolaire. Sarkozy indique que quoiqu’il arrive la réforme se fera à moyens constants : donc le seul moyen de mettre en œuvre ces 2h de soutien c’est soit diminuer les autres cours, soit faire faire des heures sup aux profs.
Dans son discours, Sarkozy présentait ces annonces comme un moyen de lutter contre les inégalités sociales et comme un moyen de répondre au malaise de la jeunesse. Mais c’est clairement se moquer du monde quand on sait que sa politique est de supprimer toujours plus de postes dans l’éducation (80 000 d’ici 2012), quand bien souvent la seule réponse qu’il apporte aux lycéens qui se mobilisent pour leur avenir est la répression policière. Ces dernières années, la seule préoccupation des gouvernements a été de réduire les coûts de l’éducation, former une main d’œuvre bon marché et corvéable à merci, tout en cherchant à mettre au pas les lycéens récalcitrants.
Pour lutter contre les inégalités, la solution est simple : il faut plus de moyen pour l’éducation. Au lieu de supprimer des postes, il faut embaucher massivement des profs et des personnels non-enseignants. Ca permettrait de ne pas être 40 élèves par classe, ça permettrait d’avoir du temps et des gens pour être à l’écoute des lycéens. Mais au lieu de ça, Sarkozy et son gouvernement préfère embaucher des flics et mettre des caméras de vidéo surveillance. Pour donner à tous les mêmes chances, il faudrait une allocation d’autonomie pour tous les jeunes à hauteur du smic. Aujourd’hui 18% des lycéens sont salariés pendant l’année scolaire. Bosser au Mac Do après les cours ne favorise pas la réussite.
Répondre au malaise des jeunes, ça signifierait leur offrir un avenir et donc en finir avec le chômage, la précarité, les licenciements, les salaires de misère…