Grèves les 22 février, 23 et 30 mars, 3, 7, 10 et 11 avril, préavis déposés pour les 17, 18, 23 et 24 avril : menés essentiellement par les personnels navigants, mais avec l’appui du personnel au sol, les mouvements de grève se suivent, amenant à l’annulation de la moitié des vols Air France à chaque fois.
L'intersyndicale (tous les syndicats de navigants sont réunis, et au sol Sud, FO et la CGT) tient bon face aux tentatives de division menées par la direction et relayées par la CGC et la CFDT qui se comportent en auxiliaires et montrent du doigt les salaires plus élevés des navigantEs. En oubliant de dire que leur vie familiale et leur santé sont impactées par les déplacements, le décalage horaire… Eux aussi seraient des privilégiés, comme les cheminotEs, comme toutes celles et tous ceux qui défendent leurs salaires et leurs qualifications.
Objectif rattrapage des salaires
En fait l’objectif de la grève est simple et populaire : après les années de restriction, alors qu’Air France fait les plus gros bénéfices de son histoire, les salariéEs veulent un rattrapage de leurs salaires face à une inflation de 6 % depuis 2011.
La direction se plaint d’avoir déjà perdu plus de 100 millions d’euros dans ce conflit. Mais elle n’est pas bouleversée outre mesure, alors qu’elle pleure en prétendant que la moindre augmentation de salaire serait ruineuse pour la Compagnie…
Les salariéEs voient bien que les patrons, soutenus par le gouvernement, veulent camper sur leur objectif : baisser les salaires. Et c’est pour cela que les luttes sont organisées pour durer. Les mécanicienEs avion sont en mouvement depuis début décembre et bloquent régulièrement des départs avion en faisant respecter toutes les normes de sécurité et en observant des grèves ponctuelles au moment de gros dépannages. À l’atelier de révision moteurs à Orly, là aussi des équipes se sont organisées pour faire respecter toutes les normes, et ralentissent considérablement la sortie des réacteurs, occasionnant des pertes financières considérables.
Qui sont les privilégiés ?
La caractéristique de tous ces mouvements est une alliance entre des composantes très corporatistes et les syndicats les plus militants. La direction d’Air France essaie de diviser en dénonçant les groupes politiques qui pousseraient à la fameuse « convergence des luttes » sans voir que c’est sa politique de blocage qui pousse objectivement à cette addition de luttes. Qui converge en pratique avec les luttes à la SNCF, dans les hôpitaux, les luttes des étudiantEs contre la sélection à l’université. Une même révolte contre cet univers macronien où tout est fait pour les riches, et où les salariéEs seraient des privilégiés tant qu’ils ne sont pas réduits à la soupe populaire, et encore…
Les vrais privilégiés voyagent en classe business, de plus en plus en jets privés, échappent à l’impôt avec les fameux miles gratuits distribués aux hommes d’affaire, et eux s’octroient de confortables hausses de salaire : + 29 % d’augmentation de rémunération moyenne entre 2012 et 2016 pour les membres du comité exécutif d’Air France /KLM !
Joel Le Jeannic