Publié le Mercredi 4 novembre 2015 à 09h43.

Air France : La direction a du plomb dans l’aile

Les résultats du troisième trimestre du Groupe AF/KLM qui viennent d’être publiés arrivent au plus mauvais moment pour la direction.

Car ces chiffres sont terme à terme contradictoires avec tout ce qu’essayent de nous faire croire les PDG d’Air France et du groupe, Gagey et De Juniac : le chiffre d’affaires est en hausse de 4,2 %, soit 7,4 milliards sur le trimestre ; le trafic est en hausse, + 3 % sur les 9 premiers mois ; le coefficient d’occupation des avions est en hausse, taux record de 88,6 % cet été (bien au-dessus de Lufthansa…) ; et le résultat d’exploitation de 898 millions sur le trimestre est le meilleur réalisé depuis la création du groupe, en hausse de plus de 400 millions d’euros.

À qui profite les gains ?

De Juniac est pris à contre-pied de son mensonge récurrent, « Air France va mourir si les salariés ne font pas des efforts »... Aussi tente-t-il aujourd’hui une nouvelle version : « Air France va bien... mais moins bien que les autres » ! Les autres, c’est-à-dire Lufthansa, British Airways, etc. sans oublier les fameuses compagnies du Golfe ou les low cost. Il faudrait donc que les salariés fassent de nouveaux efforts sur les salaires et le temps de travail, pour qu’AF/KLM passe de n°5 à n°3 mondial !

Le problème est que les salariéEs voient bien qu’avec les gains de productivité déjà obtenus sur leur dos, leur salaire est bloqué depuis 2011, mais les profits s’envolent, ainsi que les salaires des plus hauts dirigeants. Ainsi une étude du cabinet Progexa vient de sortir : alors que toutes les catégories ont eu leur salaire bloqué, perdant de 1 à 3 % de pouvoir d’achat, le salaire mensuel moyen du cercle des plus hauts dirigeants a lui augmenté entre 2012 et 2014 de 2 790 euros, soit 9,6 % d’augmentation pour des salaires annuels moyens de 380 000 euros !

De plus, dans une activité en pleine expansion, la perte de 9 200 emplois Air France depuis 2008 a été transformée en autant de contrats sous-traités et précaires, avec une myriade de sociétés où le SMIC est la règle. La direction transfère aussi des lignes sur Transavia, où l’on vient d’apprendre que la direction du groupe cherchait à imposer des baisses de salaire à des hôtesses et stewards dont le salaire est ­aujourd’hui de 1 512 euros brut, soit à peine 54 euros au-dessus du SMIC. 

Poursuivre le bras de fer

Les personnels Air France sont donc engagés dans l’épreuve de force avec la direction d’Air France  qui pour l’instant est toujours défendue becs et ongles par le gouvernement, Macron reprenant le discours de De Juniac… Seule nuance, il ne faudrait pas de licenciement sec !

Mais ce discours ne tient même pas la route, car il n’y a plus de volontaires pour un plan de départ volontaire dans les escales de province, où le précédent plan qui proposait déjà 496 départs n’en a trouvé que 210. Où la direction va-t-elle aujourd’hui trouver d’autres candidats pour ces licenciements volontaires ? Peut-être par du harcèlement et de la désespérance poussant au suicide (chez Air France, plusieurs cas de harcèlements et de suicides sur le lieu de travail ont eu lieu ce dernières années à l’informatique, au siège...).

L’intersyndicale reste unie et appelle à poursuivre la mobilisation, s’engageant à refuser les négociations tant que les procédures judiciaires et disciplinaires ne seront pas arrêtées. Le jeudi 19 novembre, elle appelle à la grève et à un nouveau rassemblement à Roissy (93) devant le comité central d’entreprise, en prévision du tribunal du mercredi 2 décembre à Bobigny où nos camarades du cargo (fret aérien) passent en audience pour violences en réunion !

Correspondants