Le transport aérien est un secteur en forte croissance. La prévision pour les années à venir est une croissance d’au moins 5 % par an. Un bref recul a bien eu lieu en 2008, et a été une aubaine dans tous les grands groupes du transport aérien. Chez Air France, cela a entraîné le plan Transform 2015 : suppression de plus de 15 % des emplois, gel des salaires, augmentation des jours travaillés, hausse de productivité en tout genre…
Le coup de frein momentané dans le secteur a permis à la direction d’Air France d’attaquer les conditions de travail et de rémunération de tous les agents du groupe. Grâce à une communication rodée – Air France est au bord du gouffre – elle a réussi à imposer son plan antisocial sans mobilisation d’ampleur des personnels.Aujourd’hui, les actionnaires se félicitent de la réussite de ce plan d’entreprise qui a permis de dégager 1 milliard d’euros. Mais ce n’est pas suffisant ! Alors la direction invente un nouveau concept, la « croissance rentable », et lance un nouveau plan, Perform 2020. Elle reconnaît que le secteur d’activité est en plein essor, mais pas question d’embaucher pour se développer ou de revenir sur la perte des acquis sociaux, bien au contraire. L’objectif est de limiter la croissance aux activités les plus rentables, et surtout de ne faire que de la croissance externe.La direction veut donc développer l’activité des filiales et de la sous-traitance, le tout au maximum délocalisé dans des pays au moins-disant social. Air France-KLM annonce ainsi le développement de Transavia, sa filiale low cost. Cela passera par la création de Transavia Europe, avec la mise en place de plusieurs bases européennes où pilotes et hôtesses seront embauchés à des conditions de rémunérations locales, bien plus faibles qu’en France. Évidemment pas d’embauche de personnel au sol, l’ensemble de ces métiers étant sous-traité. C’est vers ce modèle que des lignes aujourd’hui opérées par Air France vont être transférées. Pour les passagers, cela signifie des modes de transport dégradés dans un monde où tout se « low-costise », à commencer par les salaires.
Solidarité avec la mobilisation des pilotesFace à ces attaques, les pilotes sont les premiers, pour le moment les seuls, à réagir. Comme pour les cheminots avant eux, les médias de tous bords décrient une grève de « privilégiés » qui prendraient « les passagers en otage ». Mais il s’agit de travailleurs qui se battent pour conserver leur statut, leurs emplois, et refusent de voir des pans entiers d’activités délocalisés.Le gouvernement aussi prend position contre les pilotes : il faudrait sauver un fleuron national. Mais l’ancienne compagnie publique Air France, privatisée par un gouvernement socialiste, est aujourd’hui Air France-KLM, une multinationale qui n’a qu’un seul but : faire des profits pour rémunérer ses actionnaires. Historiquement, le transport aérien rémunère peu le capital, autour de 2 %. Ce n’est pas assez pour une entreprise privée dans un monde financiarisé ! L’ambition du PDG d’Air France-KLM est d’obtenir 11 %...L’ensemble des salariéEs d’ Air France-KLM vont subir les conséquences des transferts d’activités prévus. Et les dégradations sociales en son sein se déclinent inévitablement dans les filiales et la sous-traitance. La lutte des pilotes est donc primordiale pour l’ensemble du secteur. Cette lutte est suivie massivement. Il faut maintenant créer les cadres unitaires pour que l’ensemble des personnels du transport aérien la rejoigne, contre Perform 2020 et sur leurs propres revendications.
Correspondants NPA Aérien