Publié le Jeudi 6 septembre 2018 à 10h37.

Air France : une mobilisation prête à (re)décoller

Air France vient de rendre public le coût de la grève de février à mai : 330 millions d’euros, soit plus de trois fois le montant de la revendication, et rien n’est réglé après le départ du PDG Janaillac fin mai, suite à sa défaite lors du référendum interne.

Cette perte vient effacer les gains, mais le résultat sera quand même à l’équilibre, montrant qu’Air France peut gagner de l’argent. Car les passagerEs sont au rendez-vous, les avions sont pleins, et les billets plus chers sur les destinations les plus rentables : plus de 5 % sur l’Amérique du Nord.

Le mouvement a connu une pause cet été, certains syndicats voulant attendre le nouveau PDG, en partie pour récupérer de la grève, en partie pour rester populaire auprès des passagerEs dans cette période de vacances, en partie aussi avec des illusions sur une nomination effectuée par le gouvernement Macron (Janaillac avait été mis en place sous Hollande).

Cher PDG

Ils n’ont pas été déçus avec la nomination, le 15 août, de Benjamin Smith, produit typique du management anglo-saxon, numéro 2 d’Air Canada, dont les principaux faits d’armes sont, en 2012, une grève des salariéEs rendue illégale par un vote du gouvernement, et la création d’une low-cost Air Canada Rouge, avec les bas salaires associés.

Une nomination qui entraîne de nouvelles pertes pour Air France, et un approfondissement de la crise. Car le montant du salaire du nouveau PDG a révolté les salariéEs : on dit que ça va mal, mais le salaire du PDG est multiplié par 4, et en plus on garde Mme Couderc, ancienne de Presstalis qui était là pour l’intérim, et qui finalement reste avec un salaire de 130 000 euros annuels… la place est bonne ! Dans le même temps, c’est toujours moins pour les salariéEs qui ont vécu un été difficile : vols annulés par manque d’effectifs, hiérarchie discréditée… et l’inflation qui redémarre.

Macron montre une nouvelle fois son vrai visage, sa prétendue priorité au travail est la priorité au blocage, voire à la baisse des salaires. Et le gouvernement a été en première ligne pour soutenir la direction d’Air France dans son obstination. 

Provocation ? Impossibilité de trouver un PDG plus raisonnable ? En tout cas il va être difficile de continuer à dire qu’il faut se serrer la ceinture quand c’est la fête dans les hautes sphères !

L’intersyndicale s’est donc réunie et lance un ultimatum à la direction : si les salaires ne rattrapent pas l’inflation 2012-2017, soit 5,1 %, le conflit reprendra.

Joël Le Jeannic