Le mois dernier, la cour d’appel de Bordeaux a donné raison aux 66 plaignants de l’association SOS Monnaie en condamnant la direction de la Monnaie de Paris à verser 10 500 euros par salariéE pour « préjudice d’anxiété » lié à une exposition de longue durée à l’amiante.
Depuis huit ans, la procédure a suivi bien des péripéties : prud’hommes, départage, cour d’appel, cassation, cour d’appel de renvoi… car la Monnaie n’est toujours pas reconnue officiellement « établissement amianté ». À croire que cette reconnaissance est plus difficile à obtenir pour les établissements publics où l’État est juge et partie !
Ténacité des victimes
Malgré cela, l’acharnement a payé malgré des délais scandaleux, au point que les camarades ont porté plainte contre l’État pour « non-respect des délais de procédure » dans 67 dossiers.
Pendant des années, la direction a utilisé largement l’amiante en particulier dans la fonderie, sans protections malgré les dangers qui étaient connus. Plus de 25 anciens salariéEs, dont une dizaine de décès, ont été contaminés par ce produit toxique sur l’usine de Pessac.
Mais il a fallu la ténacité des victimes, avec l’association SOS Monnaie, pour faire reconnaitre cette utilisation massive de l’amiante et obtenir la « faute inexcusable de l’employeur » dans chaque procès intenté contre la direction. Et les pressions n’ont pas manqué… À commencer par le procès en diffamation contre l’association lancé par un ancien PDG de la Monnaie, Christophe Beaux !
Aujourd’hui, la direction a un ton différent… surtout quand elle perd devant les tribunaux. Elle dit « se conformer à la loi » sur cette question de l’amiante. Mais la loi n’a pas évolué toute seule, par la bonne volonté des gouvernements. Durant les années 1970 et surtout 1980, les pouvoirs publics, les lobbys patronaux ont tout fait pour prolonger l’utilisation massive de l’amiante, qui n’a été interdite qu’en 1997, alors que son implication dans l’asbestose, maladie pulmonaire grave, était connue depuis… 1927 !
C’est la lutte des associations de victimes de l’amiante qui a imposé cette interdiction, mais aussi les désamiantages dans les entreprises qui sont loin d’être terminés, l’indemnisation des victimes… Ces associations continuent de se battre aujourd’hui pour obtenir la condamnation au pénal de responsables de l’État ou de patrons, toujours pas inquiétés à ce jour, malgré l’ampleur du scandale de l’amiante et le nombre de décès.
Une lutte à poursuivre partout, pour faire passer nos vies, notre sécurité, nos conditions de travail avant tous leurs profits.