Publié le Vendredi 22 décembre 2017 à 23h31.

Au CHU, « Stop au racket des heures » !

Depuis le 7 décembre, c’est au CHU de Bordeaux (récemment classé 1er CHU de France !) que des salarié-e-s de divers services sont partis en grève, avec piquet de grève tous les matins de 7h à 12h sur le rond-point à l’entrée de Pellegrin. Les raisons de la colère : le décompte des heures lors des absences pour les personnels en horaires « dérogatoires » (9h, 10h30, 12h…) depuis un changement de logiciel. « Pour tous les horaires au-delà de 7h30 de jour ou 6h30 de nuit, les agents se retrouvent à rendre des heures quand ils ont été en absence justifiée ou autorisée (congés maladie, accident de travail, congés maternité/paternité, enfant malade, décès, etc.) » expliquent les grévistes. La direction compte ces absences en 7 heures pour les agents de jour, 6h30 pour les agents de nuit (dont le temps de travail est de 32h30 par semaine)… Les agents en 12h peuvent ainsi se retrouver avec 5h30 en moins sur leur compteur pour une absence d’une journée !

Depuis plus d’un an, la Direction du CHU mène en bateau les agents, disant attendre une clarification des textes de loi. Dans un courrier en octobre dernier au syndicat SUD, le Directeur général s’était engagé à appliquer la jurisprudence. Or l’arrêt de la cour administrative d’appel de Marseille en date du 13 juillet 2017 a très clairement déclaré cette pratique illégale… ce que la direction du CHU refuse de reconnaître !

Après une première délégation à une soixantaine à la direction le 6 décembre, dans le cadre d’un préavis déposé par SUD, l’AG a voté la grève à l’unanimité. Depuis, la grève a essentiellement touché les services les plus impactés : le Samu, la réanimation médicale, la réanimation pédiatrique… mais commence à prendre au-delà. Outre l’occupation du rond-point, les grévistes font le tour des services, s’adressent aux collègues des autres établissements… et ont été voir les autres syndicats pour les appeler à soutenir. Le syndicat FO a rejoint le mouvement après quelques jours. Le syndicat infirmier CNI s’est dit « solidaire » sans vraiment y participer. La CGT a finalement rejoint le mouvement au… 12ème jour de grève.

Le 14 décembre, alors que le DG était invité sur le plateau de France bleue pour un débat d’une heure et demie sur le « 1er CHU de France », pas un mot sur la grève, et quand un camarade a voulu intervenir pour dénoncer le discours de la direction et dire la réalité des services, on l’a vite prié de ne pas « perturber » la messe… Le lendemain, plus de quarante grévistes empêchaient la tenue du CHSCT central. Et comme une nouvelle négociation entre la direction et 50 grévistes le vendredi n’a rien donné, le Comité technique d’établissement envahi, a été boycotté par les syndicats.

La solidarité s’est organisée à travers les réseaux militants et les réseaux sociaux : collectif de lutte 33, Solidaires, sections syndicales locales CGT, SUD, CNT, des visites de soutien au piquet, dont celle de Philippe Poutou, très appréciée, ou Loïc Prudhomme de la FI. Une solidarité contagieuse : les grévistes viennent de décider d’envoyer une délégation au piquenique des fords, le 21, devant leur usine. La lutte, c’est la Santé !

Isabelle Ufferte