Publié le Jeudi 16 décembre 2021 à 18h00.

Renault veut gagner le titre de champion de la régression sociale

Un nouveau plan de compétitivité a été négocié depuis le mois de septembre chez Renault. Les mêmes recettes que celles de l’époque Ghosn, mais en pire, sont appliquées.

La casse de l’emploi se poursuit avec 1 683 nouvelles suppressions d’emplois prévues non pas dans les trois ans qui viennent, mais dès 2022. Ces suppressions d’emplois concernent principalement les secteurs de l’ingénierie tertiaire.

Elles se feraient, en plus des démissions et des départs anticipés pour raison d’âge, largement grâce à l’innovation Macron des « ruptures conventionnelles collectives » : on pousse les gens à la démission moyennant quelques primes sans passer par le cadre formel des licenciements qui sont encore soumis à certaines règles légales.

Renault a claironné que ce nombre de 1 700 suppressions d’emplois serait inférieur à celui de 2 000 initialement prévu. Il ne faut pas voir dans cette baisse le résultat de l’ardeur revendicative des syndicats signataires : c’est la conséquence d’un nombre de départs supérieur à ce que la direction avait anticipé, principalement des démissions d’ingénieurs trouvant des emplois mieux payés ailleurs. En revanche les ruptures conventionnelles collectives, au nombre de 1 424 lors du dernier plan, n’avaient pas atteint l’objectif fixé à 2 000. Mais Renault tient aux RCC appliquées dans les secteurs que Renault veut éliminer : 1 153 sont prévues d’ici à 2022.

Au moment où toute l’industrie automobile est engagée dans un changement technologique d’une importance inédite avec la fin programmée des moteurs thermiques à essence et diesel, une véritable purge est en cours dans les effectifs de l’ingénierie Renault.

La fin des augmentations générales de salaire ?

Le nouveau plan triennal vise touTEs les salariéEs de Renault avec la fin des augmentations générales de salaire, remplacées par des augmentations individuelles à la discrétion des petits et grands chefs. Il restera l’intéressement faisant dépendre ce qui est versé de l’activité et de la rentabilité de l’entreprise. Alors que l’augmentation des prix pèse de plus en plus sur touTEs les salariéEs, cette volonté de supprimer les augmentations générales de salaire fait remonter très loin en arrière la régression sociale.

Ce nouveau plan triennal prolonge partout la chasse aux économies dans tous les domaines. Ainsi des heures supplémentaires qui seraient plafonnées à 25 % comptées au mois, et une pause de 20 minutes qui ne sera plus payée aux nouveaux embauchés et aux intérimaires et sera sortie du salaire de base pour les salariéEs déjà sous contrat Renault. Cela deviendrait pour eux une « garantie accessoire » dont les modalités seraient définies après la signature de l’accord.

C’est dans l’usine de Cléon que les actions contre ces annonces patronales ont été les plus importantes. Des débrayages hebdomadaires ont réuni, jusqu’au 7 décembre, chaque fois plusieurs centaines de salariéEs, alors qu’un chômage technique frappe l’usine ces dernières semaines. Dans les sites de Lardy, Le Mans et Villeroy, des mobilisations plus limitées ont aussi eu lieu. La résistance doit continuer !

(Correspondants Renault)